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22 juillet 2020

No et moi de Dephine de Vigan - Analyse du chapitre 2

No et moi

Dans le chapitre 2, Lou se rend à la gare d’Austerlitz à Paris. Elle aime s’y rendre car elle peut ainsi observer le comportement des voyageurs. Elle y voit une multitude de gens et peut lire sur leurs visages leurs émotions. « Il y a les amoureux qui se quittent, les mamies qui repartent, des dames avec des grands manteaux qui abandonnent des hommes au col relevé. » Cette énumération nous montre que ce ne sont pas des personnes seules enfermées dans le puits profond de la solitude.  

Soudainement, Lou est interpellée par une jeune SDF qui lui pose la question suivante : « T’as pas une clope ? ». Remarquons que le choix de vocabulaire (« clope » appartient au langage familier et désigne une cigarette) et la syntaxe (la forme interro-négative est approximative) indiquent son origine sociale. No aborde Lou de manière très frontale et directe. Nous remarquons l’absence de formules de salutations. No ne dit ni « bonjour », ni « salut », ni « excuse-moi. ». De plus, elle utilise le tutoiement, ce qui en soi, entre deux adolescentes n’est pas complètement surprenant mais dénote une certaine familiarité dans l’attitude. Cepedndant, ce registre littéraire permet au discours direct d’être vivant, réaliste et naturel.

No : un personnage complexe

Lou donne quelques informations sur l’apparence physique de No. Nous découvrons qu’il lui manque une dent, pour être plus précise : "une prémolaire". Lou utilise un vocabulaire très recherché et savant pour exprimer ses pensées, ce qui permet de montrer au lecteur qu’elle est surdouée. Le lecteur s’interroge sur l’état de santé de la jeune fille. De plus, son apparence vestimentaire est négligée. Elle porte des vêtements usagés. Pour renforcer cet aspect misérable, l’autrice utilise les adjectifs « sale », « vieux », « troués », ce qui inspire de la pitié.

La manière dont No parle nous indique qu’elle est spontanée, un brin désinvolte.  Elle n’a pas peur de s’adresser à des inconnus. Elle ne se fixe pas de barrières sociales. No demande des cigarettes, prend le paquet de chewing-gum et demande de l’argent car elle a faim. La question : « T’aurais pas deux ou trois euros, j’ai pas mangé depuis hier soir ? » plonge le lecteur dans une triste réalité. Cette interrogation ne laisse pas Lou indifférente qui de suite fait preuve de générosité. L’autrice souligne ainsi l’empathie via le geste suivant : « J’ai cherché dans la poche de mon jean, il me restait quelques pièces, j’ai tout donné sans regarder. »

Lou se rend compte rapidement de la précarité de son interlocutrice mais elle ne cherche pas à émettre de jugements. Elle émet des hypothèses sur No. Elle comprend qu’elle est seule, exclue, isolée. Elle devine à son regard « qu’elle n’avait personne pour l’attendre. » Elle interprète ses gestes et son comportement qui traduisent une profonde souffrance. La dernière citation : « Elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur » suggère que No a certainement vécu des moments douloureux, traumatisants, choquants.

Une rencontre furtive

La prise de contact entre les deux jeunes filles est rapide. Pourtant, cet épisode semble être un moment fort pour Lou. Nous apprenons que Lou a treize ans et qu’elle est en seconde, Autrement dit, c’est une élève surdouée qui a appris à lire en maternelle. Lou a changé de classe en CM1 car elle s’ennuyait vraiment. Cette situation n’est pas facile à vivre pour Lou. Elle avoue s’être toujours « sentie end dehors » (ce qui est une forme d’exclusion) mais la rencontre avec No a été significative. Elle ressent sincèrement de l’empathie pour la jeune SDF. Nous savons que cette rencontre a été marquante puisque le soir elle interroge ses parents sur la situation des jeunes femmes vivant dans la rue. La phrase « j’ai eu envie d’être près d’elle » souligne sa volonté de l’aider, de ne pas rester les bras croisés.

Conclusion

En somme, le chapitre deux nous fait prendre conscience des différences entre les deux jeunes filles. No est expressive et spontanée alors que Lou est timide et un peu gauche. No est seule, démunie alors que Lou est attendue par son père avec qui elle peut échanger sur des thèmes d’actualités. No pose des questions, ce qui met en valeur sa curiosité, sa volonté de créer des liens. Nous pouvons en déduire qu’elle est sociable. La situation semble finalement inversée car Lou devait en effet jouer le rôle de la journaliste, mais finalement elle s’est sentie trop intimidée. Ces deux personnes inconnues et très différentes se rencontrent donc dans cet espace public et le lecteur se demande comment va évoluer leur relation.

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