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29 mars 2021

No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 29

Chapitre 29

Le chapitre 29 est très bref mais rappelons que pour ces analyses de chapitres, je m’appuie sur la version éditée par Hatier, collection classiques et compagnie, qui propose une histoire plus courte que l’originale.

Le chapitre commence avec un coup de théâtre. « No n’est pas rentrée. » Ce constat laisse place à l’inquiétude d’autant plus que Lucas utilise une gradation ascendante pour avouer que cette situation d’hébergement clandestin n’est plus sous contrôle. Il confie le fruit de ses observations et dans un vent de panique il liste l’ensemble des problèmes de No. Le tableau est certes noir mais réaliste. Je cite : « il dit qu’elle va mal, elle boit en cachette, elle pue l’alcool à plein nez, elle fait n’importe quoi, n’importe quoi… » Dans ce discours indirect, le présent de l’indicatif a une valeur de vérité et a pour objectif de « secouer » Lou qui naïve et obstinée semble refuser de voir la réalité en face.

Le comportement de Lucas montre qu’il est désormais lucide, réaliste et conscient de la gravité de leur projet. Je cite : « il dit nous n’allons pas y arriver, Lou, il faut que tu comprennes, on ne peut pas la laisser dans cet état, elle prend des trucs… ». D’un côté, cette citation révèle un constat d’échec mais de l’autre c’est un discours inquiétant qui cherche à choquer l’interlocutrice. L’expression prendre « des trucs » appartient au langage familier et signifie consommer des produits illicites et dangereux. Autrement dit, la santé de No est en danger.

En dépit de ses déclarations alarmistes, Lou refuse de baisser les bras. Elle ne s’avoue pas vaincue puisqu’elle déclare : «  à moi elle me parle. » Le discours raisonnable se heurte-t-il aux pensées utopiques ?

En conclusion, ce récit engagé interroge le lecteur sur la question de la réinsertion sociale et professionnelle. A travers le récit de No, Delphine de Vigan montre qu’en dépit de l’aide offerte par les deux adolescents, sa souffrance est si vive qu’elle n’arrive pas à guérir ses blessures profondes. Comment sortir définitivement de la précarité ? Les aides disponibles sont-elles suffisamment efficaces pour lutter contre l’exclusion sociale ? Comment peut-on colmater les failles ?

Delphine de Vigan ne prétend pas donner de réponses dans son ouvrage mais à travers le regard indigné de Lou, elle utilise le témoignage et révèle ainsi les conditions concrètes de vie d’une SDF (le drame de son enfance, l’errance, le froid, la violence, l’impossibilité de mener une vie normale).  De la sorte, le roman propose au lecteur de regarder les SDF de l’intérieur, avec empathie, à la manière de Victor Hugo dans Le Dernier Jour d’un condamné.

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