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8 avril 2024

Les mains libres de Jeanne Benameur – éditions Folio

Les mains libres de Jeanne Benameur – éditions Folio

Elle, c’est Madame Lure. Elle vit seule, dans un petit appartement parisien. Elle s’est mariée tardivement à Monsieur Lure, un peu disons par hasard.  Lui avait vécu de nombreuses années en Afrique et parlait assez peu de son passé. Elle, habitait un deux-pièces mansardé dans l’immeuble. Il aimait ses yeux baissés. Cela lui a suffit pour la demander en mariage. 

A son décès, Yvonne se retrouve seule dans cet appartement. La femme touche les livres abandonnés dans la bibliothèque de Monsieur Lure qui avait pour habitude de s’enfermer des heures et d’y lire tranquillement. Yvonne était capable de déceler l’humeur sur le visage de son ex-mari en fonction de la lecture du moment. « Les livres dont il ne parlait jamais, tout son être en était imprégné quand il sortait d’ici et qu’elle savait. Oui, elle avait appris. Quand la lecture avait été bonne, le visage était harassé et ravi. » Désormais veuve. Yvonne est une veille femme aux cheveux gris et aux gestes répétitifs, se déplaçant peu, juste quelques pas pour se rendre au supermarché du coin. C’est dans cet espace qu’Yvonne surprend un jour un jeune voleur. Suite à cette découverte, elle décide de le suivre pour finalement découvrir qu’il vit dans un campement de fortune au pied de son immeuble. Lui, c’est Vargas. Qu’ont-ils en commun ?

Dans ce court récit, Yvonne est un personnage très attachant. Il est vrai que j’aime beaucoup les romans qui mettent en avant le destin ou la vie quotidienne des personnes âgées. Ce livre passe au peigne fin les gestes répétitifs ou disparus de cette femme discrète qui semble de nouveau trouver un sens à sa vie à partir du moment où elle commence à échanger avec le jeune errant. De cette façon, la vieille dame brise la solitude et crée un lien via le pouvoir des livres. En lui faisant la lecture à voix haute, Yvonne soulève les thèmes du partage, de la transmission et du plaisir à lire à un interlocuteur attentif. Une rencontre improbable par l’intermédiaire des livres.

Ce livre montre aussi la différence d’opinions au sujet de l’accueil des populations nomades dans les quartiers en apparence tranquilles. Le couple des Arnolle manifeste clairement son inquiétude en se demandant comment on peut tolérer « une chose pareille ». En ce sens, le livre donne la parole aux personnes réticentes qui dressent les risques liés aux conditions de vie précaires des plus marginalisés tout en montrant la douceur de Madame Lure qui elle n’a pas peur…Bien au contraire.

L’écriture est très poétique. Les métaphores ponctuent largement le texte. Les phrases nominales permettent d’accélérer le rythme et de renforcer certaines émotions comme la lenteur du temps qui passe ou bien la nostalgie. En soi, il ne se passe pas grand-chose dans ce livre mais il est apaisant à parcourir. Ce livre m’a fait penser au roman Grâce et dénuements d’Alice Ferney qui vous plaira si vous aimez les récits qui parlent du pouvoir magique des mots, de la transmission aux enfants ou aux adolescents qui vivent parfois dans des environnements non-scolarisés. 

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