Munkey Diaries de Jane Birkin – éditions Livre de Poche

Chère Mathilde,

Je n’ai pas pour habitude d’écrire de lettre sur ce blog mais vois-tu pour ce journal tenu par Jane Birkin de 1957 à 1982, je vais faire une exception. Un changement de règle et de mise en page pour te dire à quel point j’ai été touchée par ton geste.

Tout a commencé le 13 septembre à Paris. Par un message envoyé sur mon téléphone m’informant de ta visite au lieu de résidence où je me trouvais pendant un voyage scolaire. Tu m’annonçais si gentiment que tu t’étais déplacée (rien que pour moi) et que tu m’avais déposé un paquet à la réception. Après avoir parcouru Paris en long, en large et en travers, je suis rentrée assez épuisée pour être honnête mais impatiente de découvrir ta surprise. Oh quelle ne fut pas ma joie lorsque je découvris au bureau d’accueil un sac blanc comportant une enveloppe contenant une jolie carte colorée et un livre publié aux éditions Livre de Poche ! J’ai été tellement touchée par ton attention. Je suis rentrée dans la petite chambre heureuse et j’ai immédiatement pris cette photo que tu vois sur cette chronique.

Depuis, toi et moi avons parlé au téléphone. Tu sais que j’ai terminé le livre et que j’en redoutais la fin. Ce à quoi tu m’as répondu : « Ah oui, il est des livres et des personnages qui nous manquent dès qu’on les referme. » Signé M.L. avec un petit smiley joyeux.

Alors, commençons par dire que ce journal a été publié en version originale chez Fayard en 2018. Un tome 2 est ensuite paru en 2019.

Jane a démarré ses écrits intimes à l´âge de onze ans. Dans ses carnets, elle s’adresse à Munkey, un singe en peluche qu’elle affectionne particulièrement et qui la suivra bien des années plus tard (voyages, séjours à l’hôpital, vacances…) A la mort de Serge, Jane a décidé de mettre Munkey aux côtes de son ancien mari dans le cercueil. Pour qu'il veille bien sur lui, tel un ange gardien.

A la mort de sa fille aînée, Jane a cessé d’écrire.

Dans ce journal, Jane qui se considère comme une femme infantile et fatigante, retrace toutes les années de sa vie depuis l’enfance jusqu’aux premières étapes de sa carrière artistique. On apprend qu’elle est issue de la bourgeoisie et que sa mère était aussi actrice. On découvre avec peine que son premier mariage avec John Barry fut un fiasco puis son arrivée en France vécu comme un nouveau départ : la rencontre avec Serge, ses poèmes, sa manière de dévorer la vie à pleine dents, sa spontanéité, ses vacances en Normandie…Puis ses entrées au fil du temps deviennent plus sombres. Elle traverse des années difficiles…puis finira par s’écarter pour ne plus former ce couple mythique qui a tant fasciné les français.

Je trouve que c’est un journal qui donne envie d’écrire, de peindre, de lire en anglais, de visiter l’île de Wight, de ne pas avoir peur de commettre des fautes tant il est poétique de s’exprimer maladroitement dans une langue qui n’est pas celle de notre enfance. Page 100, dans ses débuts en français, elle a écrit dans son journal cette phrase que je trouve très touchante. Je cite : « Une étoile été tombé par la ciel il y a une nuit. »

A star fell from the sky last night.

J’ai particulièrement aimé la description des scènes cocasses, les anecdotes de vacances, la manière dont elle parle de ses filles et son amour éternel pour Serge. Ce fut une émotion de découvrir son univers familial, artistique, musical…

Une magnifique découverte.

Un cadeau inoubliable de ta part.

Thanks my dear Mathilde.