Le jeune homme d'Annie Ernaux - éditions Gallimard

Suite à une nuit malhabile avec un étudiant admiratif, Annie Ernaux relate cette aventure intime avec ce « jeune homme » de vingt-cinq ans. Trente années les séparaient. Dans ce court récit lu en moins d’une heure, l’autrice raconte comment cette rencontre s’est transformée en histoire de passage tout en étant lucide sur sa pérennité.

Annie Ernaux a-t-elle vécu cette relation pour assouvir son désir de déclencher le processus d’écriture d’un autre livre ? Toujours est-il qu’il existe chez cette femme le besoin de coucher sur papier la nature des liens qu’elle a pu entretenir avec les autres et dans ce récit celui qui est à la une est le « jeune homme ».

En passant du temps avec lui dans sa ville d’origine, Annie Ernaux est retournée dans son passé, revisitant les lieux de son enfance, de son adolescence et de ses années en tant qu’étudiante. Véritable voyage émotionnel dans le temps, elle confie facilement qu’elle vivait chez ce jeune homme l’inconfort et l’installation sommaire qu’elle avait elle-même connu de nombreuses années en arrière. Annie Ernaux a vécu pleinement de nouveau le désir, le plaisir, l’attente : des notions qu’elle n’aurait jamais imaginé revivre. Ces émotions la remplissaient de vie mais en même temps le regard des autres au restaurant, à la plage, dans la rue frôlant parfois la sidération, comme devant un assemblage contre nature l'affectait. L’autrice ne manque pas de remarquer que si la différence d’âge avait été en faveur de l’homme et non contre la femme, leur union aurait été plus banale, et aurait certainement flatté l’égo de l’heureux élu.

Dans ce court récit, Annie Ernaux évoque un de ses romans que j’ai récemment lu, à savoir L’évènement dans lequel elle retrace son véritable parcours du combattant pour avoir la possibilité d’avorter. Des années plus tard, alors que s’est posé la question avec ce « jeune homme » de procréer, Annie Ernaux relate les avancées scientifiques présentées par sa gynécologue permettant aux femmes en âge mur de pouvoir donner naissance.

Avec le temps et la notoriété, j’ai trouvé toutefois dans cet autre livre miroir le ton condescendant agaçant et surtout méprisant pour ce « jeune homme » qui d'une certaine manière semble avoir été utilisé pour nourrir son besoin d'écrire et de publier. Ce dernier livre n'est pas celui que je retiendrais sur l'ensemble de ses ouvrages.