Noces de neige de Gaëlle Josse – éditions J’ai lu

Nice. 9 mars 1881. Anna Alexandrovna Oulianova, jeune femme issue de la bourgeoise russe, s’apprête à retourner à Saint-Pétersbourg avec sa famille après avoir vécu l’hiver dans leur palais luxueux. Chaque année, se rendre dans le sud de la France, est un calvaire pour elle, contrairement à sa mère, qui dans cet environnement paradisiaque peut développer son goût pour le luxe et l’exubérance. Femme capricieuse et tyrannique, la perspective du retour ne semble guère l’enchanter. Seule Anna semble heureuse de retrouver sa terre natale. Sur le quai, elle part sans dire au revoir à personne. Pourquoi est-elle si impatiente de monter à bord ?

Moscou, gare de Biélorussie. 8 mars 2012. Irina débarque à la gare avec son énorme valise rouge à roulettes entourée d’une double sangle de toile. C’est le grand jour. Le départ qui ressemble à un saut dans l’inconnu. Le voyage de cette belle jeune femme russe n’a d’autre but que de faire la connaissance d’Enzo, jeune banquier français installé à Nice, rencontré sur un site internet promettant une véritable idylle amoureuse. Irina quitte tout, laissant derrière elle les souvenirs d’une enfance pauvre et rude, une amie de longue date, un homme violent et alcoolique. Irina fuit un destin misérable, emportant avec elle l’espoir d’une vie meilleure. Ce voyage répondra-t-il à ses attentes ?

Deux huit clos. Des époques différentes. Un voyage dans les deux sens contraires qui permettent au lecteur d’être bercé par le roulis du train qui traverse les pays de l’est. L’autrice utilise des descriptions minutieuses et luxueuses des wagons du Riviera Express afin de plonger le lecteur dans environnement mystérieux, feutré et ouaté. Les personnages font face à des choix dans un espace-temps court et limité, ce qui permet d’accélérer le rythme de la narration. Entre les deux histoires, j’ai eu une préférence pour celle d’Irina car derrière ce portrait se dissimule une réalité, celle des femmes qui franchissent le pas de s’inscrire sur des sites internet, tentant de livrer le meilleur d’elles-mêmes. L’anthropométrie au service de la relation amoureuse. Encore une très belle réussite signée de Gaëlle Josse. Alors n’hésitez pas à prendre place à côté de ces deux femmes au rythme ferroviaire entre Nice et Moscou.