Ce matin-là de Gaëlle Josse – éditions J’ai lu

Clara travaille dans le monde de la finance. Elle est compétente, accorde des prêts à ceux qui se trouvent dans le besoin. C’est une battante qui fait face à la charge de travail, aux contraintes, à la pression de plus en plus lourde, à la concurrence entre les collègues, à la méfiance de sa hiérarchie. Puis un jour, « ce matin-là » comme le titre l’indique, sa voiture refuse de démarrer. Ce qui en apparence pourrait sembler un simple problème ordinaire va entraîner une remise en question du sens de son existence.

Clara est à bout de souffle. Est-ce la visite de ce couple de retraités venu lui demander de l’argent pour pouvoir acheter des cadeaux à leurs petits-enfants qui aurait allumé le feu à la mèche ? Ou alors cette journée au vert dans un cadre bucolique au cours de laquelle les employés assistent à des discours censés flatter leur ego et relancer leur motivation ? Toujours est-il que Clara est en train de toucher le fond. On parle de burn-out, de dépression, de fatigue chronique…Appelez-ça comme vous voulez, mais il s’agit du glissement vers le néant, vers une zone sombre ou plus aucun désir ne vous anime. Clara entre dans la torpeur, elle est « une âme défaite, une âme épuisée, fourvoyée ». Face à cette déchéance, son compagnon Thomas tente de l’aider mais lassé finira par lui avouer la phrase fatale : « Tu sais, pour nous, je ne sais plus. »  Que fera Clara pour relancer le cours de son existence ?

C’est l’histoire simple d’une vie qui a perdu son élan. De nombreux livres ont traité du sujet de l’angoisse liée au travail, à l’absence de sens, de reconnaissance et qui nous conduit à nous poser la question suivante : mais qu’est-ce que la vie a fait de nous ? Si vous traversez un moment de crise professionnelle, je doute que ce livre vous tirera vers le haut. Au contraire, vous entendrez dans la voix de Clara une résonnance avec vos doutes, un écho lié à certaines situations vécues. Gaëlle Josse utilise un style très économique tout en étant poétique pour nous parler d’un mal qui ronge notre société moderne. L'autrice passe au peigne fin les journées, les semaines, les mois de souffrance et d'isolement qui pèsent sur les épaules du personnage principal. Ce roman contient de courts chapitres avec de nombreuses phrases nominales.

J’ai vraiment beaucoup aimé mais j’ai le sentiment d’avoir déjà lu des romans similaires sur l’histoire de la femme qui ne peut plus, qui est à bout, qui n’y arrive plus, qui fait le vide autour d’elle…Mais pour terminer sur une note plus positive, j’ai apprécié la quatrième partie du livre qui permet au lecteur de changer de cadre et de sortir de la nébuleuse. A l'issue de cette lecture, je veux en savoir plus sur l'univers littéraire de Gaëlle Josse qui m'avait déjà séduite avec son roman consacré à Vivian Maier intitulé Une femme en contre-jour.