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5 septembre 2021

Les enfants sont rois de Delphine de Vigan – Edition Gallimard

 

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Mélanie Claux vit à Paris. Elle est maman de deux jeunes enfants : Sammy (huit ans) et Kimmy (six ans). Le roman s’ouvre sur une scène de la vie quotidienne de cette famille exposée aux regards de tous. En effet, Mélanie dirige d’une main de maître la chaîne « Happy récré » sur You tube. Elle diffuse chaque semaine des séquences filmées et enregistrées de ses enfants. Ainsi, les internautes voient les enfants déballer des cadeaux, tester des nouvelles paires de chaussures, s’émerveiller devant de nouveaux jouets, avaler des hamburgers ou encore relever des défis ridicules liés à la consommation de masse.

Ignorant (ou refusant de s’intéresser aux conséquences de ses actes) Mélanie surexpose ses enfants imposant un rythme de travail intense basé sur des cadences de tournages, des répétitions de textes afin d’utiliser au mieux un langage promotionnel. Les enfants dès leur plus jeune âge apprennent à fixer la caméra, à sourire mécaniquement, à jouer un rôle.

Tout semble fonctionner comme sur des roulettes jusqu’au jour où Kimmy disparaît au cours d’une partie de cache-cache. S’agit-il d’un enlèvement à des fins crapuleuses ou bien l’acte d’une personne déséquilibrée jalouse de succès de la famille Diore ? Clara Roussel, procédurière, enregistre les procès-verbaux des personnes impliquées dans l’affaire. Elle découvre ainsi les ficelles d’un nouveau métier : les parents influenceurs.

Le dernier roman de Delphine de Vigan est à mi-chemin entre l’enquête policière et le récit sociologique. Inutile de rappeler que je suis une grande admiratrice de cette autrice donc j’étais impatiente de lire son dernier livre. Je l’admire car elle utilise une expression millimétrique de la langue française. Au-delà de ça, elle a prouvé avec ce dernier livre qu’elle est capable d’évoluer vers de nouveaux genres en traitant de problématiques actuelles.

La tension narrative être très présente dès le début du roman. L’autrice transmet parfaitement l’angoisse de la mère suite à la disparition de sa fille tout en mettant en lumière les mécanismes contradictoires de Mélanie.

Delphine de Vigan expose clairement le fonctionnement de ces chaines, soulevant une multitude de questions touchant à une actualité brulante : Peut-on tout dire sur Internet ? Comment encadrer juridiquement l’exercice professionnel des mineurs ?

En exposant constamment ses enfants, la mère est-elle consciente que ses actes puissent conduire au repli sur soi, à l’isolement, la solitude, la paranoïa, la dépression… ?

Des années 2001 aux années 2030, marquée par l’émergence de la télé-réalité, des réseaux sociaux, l’autrice nous interpelle sur notre utilisation d’internet. Elle nous met en alerte sans être moralisatrice. Ce roman noir fait réfléchir sur la création d’une société qui vit sur le culte de l’ego ou tout est devenu marchandise et profit. Tout se vend au nom du narcissisme, même l’illusion du bonheur familial.

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