La libraire de la place aux herbes d’Eric de Kermel- éditions j’ai lu

Lassée de sa vie parisienne, Nathalie décide changer de vie. Pour cela, elle quitte son poste d’enseignante de littérature au lycée Montaigne pour filer vers le sud de la France, direction Uzès, village somptueux dans le Gard avec de jolies ruelles et de grands platanes. Nathalie aime les livres. Un jour, elle découvre un panneau « à vendre » devant une devanture de librairie, se dit « Pourquoi pas moi ? » et décide alors de réaliser son rêve.  

Bien que sceptique aux premiers abords face à ce changement, son mari Nathan (architecte) finira par approuver le projet. Les deux enfants étant désormais grands et indépendants, le moment semble idéal pour une reconversion.

Nathalie est une femme entreprenante, soucieuse du bien-être des autres et fera au sein de sa boutique des rencontres inoubliables. Ce roman dresse donc le portrait de neuf clients tous différents les uns des autres : vous rencontrerez ainsi une adolescente curieuse mais emprise sous le joug d’une mère intransigeante, un promeneur solitaire, un marcheur philosophe, une marchande de fromage de chèvres, un infatigable voyageur, un messager mystérieux de par son silence, ou encore un soldat rescapé et d’autres encore…Mais tous ont un point commun : ils ont franchi la porte de la librairie pour trouver des réponses à leurs questions.

Comment bien démarrer le moment de vous donner mon avis afin de vous partager mon enthousiasme débordant pour ce livre ? Peut-être en commençant par vous dire que ce livre m’a été choisi. Ce n’est jamais anodin de sélectionner un livre pour quelqu’un. Mon amie Fred m’a passé ce livre en me disant : « j’ai beaucoup pensé à toi en découvrant ce roman, tu vas adorer, c’est le genre de livre que l’on a envie de relire plusieurs fois… » Bref, elle ne tarit pas d’éloges. Et je suis aussi touchée par sa volonté de le partager avec moi.

C’est vrai qu’avec un titre si enchanteur « La libraire de la place aux herbes », on est déjà dans un environnement fascinant et attirant, n’est-ce pas ? Notre imagination nous emporte déjà vers un décor enchanteur.  Un livre qui parle de mon premier métier que j’ai exercé pendant cinq ans devrait me faire revivre certains souvenirs. Et ce fut le cas. Eric de Kermel parle de l’office (j’ai appris que ce système fut inventé par Louis Hachette au XIX siècle) qui régit l’approvisionnement des libraires. Il parle de ce moment où le libraire déballe les cartons comme un enfant ouvrirait ses cadeaux le matin de Noël. Faire des piles, trier, ranger les commandes, mettre en avant des coups de cœur. Le livre parle aussi du plaisir de l’agencement de la boutique et bien-sûr du contact avec les clients. C’est donc un roman qui rend hommage à ceux et celles qui s’engagent de par leurs choix et leurs goûts à être des passeurs de livres. Valorisons-les.

Autre point positif : j’adore quand les personnages principaux décident de bousculer leur vie, de s’engager vers l’inconnu sans filet. Le changement de vie de Nathalie s'opère très tôt dans la construction de la narration, ce qui nous permet de découvrir les conséquences de cette décision.

Ce livre est aussi une véritable déclaration d’amour à la littérature. Ponctué de références classiques, contemporaines, françaises ou internationales, la liste en fin d’ouvrages donne envie d’en découvrir encore plus. En lisant ce roman, j’ai réalisé que mes connaissances de la littérature classique méritent d’être approfondies et explorées.

Ce roman est un voyage initiatique qui montre que la lecture offre la possibilité de s’évader mais aussi de guérir de ses souffrances. Je ne suis pas médecin mais je crois sincèrement que les livres peuvent se substituer aux antidépresseurs. J’ai l’impression que dans ce livre, l’auteur a trouvé les mots justes via de multiples situations ou rencontres pour exactement retranscrire ce que je ressens quand je lis ou mon rapport aux livres.

La lecture est souvent perçue comme un acte solitaire, parfois même anti-social. Prenons la phrase : « on ne lit pas à table ». Compréhensible. Et pourtant, comme le souligne l’auteur « il est fort le lien qui se crée entre deux lecteurs, réunis par l’émotion d’un même livre. Le livre est alors le médiateur qui permet de comprendre l’autre. »

Au-delà de la promenade littéraire, ce livre souligne l’importance de la nature et la beauté des paysages en France. Il est question de Crozon en Bretagne, de l’ambiance des marchés du sud, des places qui abritent des terrasses et des restaurants. Une ode à l’émerveillement.

Le texte est aussi ponctué de simples illustrations réalisées par Camille Penchinat. Elles ne sont pas nombreuses. Elles sont discrètes mais apportent une touche créative très appréciable.

Enfin, une dernière chose qui m’a interpelé tout au long de ma lecture, c’est que l’auteur est un homme et que la narratrice est une femme. On sent qu’il est très sensible aux êtas d’âmes féminins en abordant leurs doutes et leurs interrogations. Il profite du personnage de Nathalie pour glisser des réflexions philosophiques sur le bonheur, sur le respect de notre environnement, sur le défi de la sérénité…Voilà, ce livre est une pépite, classé dans la catégorie « feel good-book ». Aujourd’hui, plus que jamais, ça fait du bien de lire des réflexions encourageants et bienveillantes.