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13 janvier 2021

No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 21

chapitre 21

Le chapitre 21 nous permet d’effectuer un retour en arrière. Dans le chapitre 19, No avait livré la première partie du récit troublant de son enfance. Ici, elle va poursuivre la suite de son histoire qui fait franchement froid dans le dos.

Récit accablant de l’enfance de No à partir de ses sept ans

No a vécu une partie de son enfance à Choisy-le-Roi en banlieue parisienne. Il convient de préciser que ce cadre loin de l’ambiance rurale de ses premières années est diamétralement opposé à ce milieu urbain. En effet, dans cet environnement, les immeubles souvent mal construits, gris, bétonnés et donnent une image de quartiers abandonnés et tristes. No a grandi dans un F3 avec son beau-père et sa mère.

Portrait du beau-père :

Il est désigné comme étant « l’homme à la moto ». Nous ignorons son prénom mais le voyons comme un homme actif, entreprenant, travailleur et courageux. No a de bons souvenirs de lui car « il était gentil avec elle. » D’une certaine manière, il incarnait une figure paternelle puisqu’il « lui offrait des cadeaux, s’intéressait à son travail scolaire, lui apprenait à faire du vélo. » Cette énumération montre bien qu’il était impliqué dans l’éducation de No. Son attitude est d’autant plus remarquée ou remarquable qu’elle contraste avec l’inaptitude de la mère.

Portrait de la mère :

La mère traitait sa fille de manière ignoble. Elle tenait sa fille à l’écart pour bien lui souligner son rejet et son dégoût. Je cite : « Suzanne la faisait dîner dans la cuisine, posait son assiette devant elle, comme un chien, et refermait la porte. » Ici la comparaison avec l’animal marque le début de longues années de maltraitance et de négligence. No était considérée comme une domestique, en charge des taches ménagères. En effet, Delphine de Vigan décrit son rôle ainsi : « elle faisait la vaisselle, le ménage, les courses, se réfugiait dans sa chambre dès que possible. » No a grandi dans un milieu tendu, agressif au sein duquel « les disputes sont devenues de plus en plus fréquentes. » La mère faisait preuve d’un comportement sauvage, animal comme le souligne la citation suivante « la mère tournait en rond comme une bête. »  jusqu’au jour ou elle est devenue franchement brutale. « Une fois elle s’est approchée d’elle et sa mère l’a repoussée tellement fort que No s’est ouvert l’arcade sourcilière sur le coin de ta table, elle en garde la cicatrice. » Le langage sec et brutal nous fait prendre conscience de l’horreur de la situation.

Le départ du beau-père :

Ne supportant plus le caractère agressif de Suzanne, « l’homme est parti ». Son départ est annoncé en douceur et en même temps rapidement. Delphine de Vigan de par son style parvient à contraster des sensations d’accélération et de lenteur. Cette écrivaine a l’art de parler de choses graves avec légèreté. L’autrice passe au peigne fin le dernier geste d’attendrissement. « Il a pose le sac pour caresser ses cheveux. Il a refermé la porte derrière lui. » C’est une séparation qui laisse place à l’inquiétude dans la mesure où No va désormais se retrouver seule avec sa mère.

Dégradation de la situation

Suzanne plonge ensuite dans l’alcoolisme. « No se souvient plus si sa mère a commencé à boire avant ou après le départ de l’homme. » No a assisté à la déchéance de sa mère qui a perdu son travail. Son comportement est devenu de plus en plus grave et a entrainé l’absentéisme scolaire de No, son exclusion, son échec et sa solitude. Puis, Delphine de Vigan utilise un langage implicite quand elle déclare : « Un jour elle est arrivée avec la lèvre fendue et des ecchymoses sur tout le corps. Elle était tombée dans l’escalier, s’était cassé deux doigts et n’avait reçu aucun soin. » Le lecteur comprend facilement que cet état est le résultat de la maltraitance infligée par la mère.

Placement en famille d’accueil

No semble retrouver une forme de stabilité chez Monsieur et Madame Langlois. Elle se retrouve au sein d’une famille « normale » qui s’occupe d’elle et fournit à ses besoins alimentaires et vestimentaires. Ce cadre nouveau lui apporte la sécurité et le confort dont elle avait besoin. « Ils étaient gentils » et ce placement plus que nécessaire a permis à No de se stabiliser, mais malheureusement pas sur le long terme. Ainsi, Delphine de Vigan laisse entendre que la carence affective liée à la maltraitance a marqué au fer rouge la construction fragile de No.

La décadence de No

Au moment de l’adolescence, sa situation s’est dégradée. « Quand elle est entrée au collège, elle a commencé à fumer, à traiîner  avec des garçons au café. » Le verbe « traiîner » appartient au langage familier et a une connotation négative, laissant entendre que les fréquentations sont dangereuses, nocives ou toxiques.

Placement en internat éducatif

Lou, fragile et en situation d’échec scolaire a été placée dans un internat éducatif au sein duquel elle a fait deux rencontres :

Loic : Il incarne l’image du garçon populaire, beau, sauvage et libre. « Ils faisaient le mur la nuit pour guetter les étoiles filantes. » On imagine que No a partagé avec lui des moments romantiques inoubliables.

Geneviève : Elle est le symbole de la jeune fille en détresse et qui transforme sa souffrance en violence. Je cite : « On l’appelait la sauvage, elle était capable d’arracher les rideaux et de les réduire en morceaux. » Le surnom péjoratif « sauvage » met en valeur un comportement anti-social flagrant. A la différence de No, « elle avait la rage de s’en sortir ». Delphine de Vigan offre une lueur d’espoir en montrant que cette jeune fille avait la volonté de réussir en dépit d’une construction déséquilibrée.

Le placement en internat s’est soldé en échec pour No car elle « a recommencé à fuguer. »

En guise de conclusion, No a vécu une enfance et une adolescence bouleversée, marquée par plusieurs changements violents, traumatisants. Avec Anouk, elle se sent en confiance et lui confie le récit de son passé douloureux. Lou semble en retrait. Elle observe la complicité naissante entre sa mère et No et ressent une forme de jalousie. Delphine de Vigan utilise un langage poignant qui permet de comprendre le chemin parcouru par No durant les premières années de sa vie.

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