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6 janvier 2021

No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 18

 

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Dans le roman No et moi de Delphine de Vigan, Lucas est le contestataire de la classe de Lou. Plus grand et plus âgé que les autres, il tient tête aux professeurs et fait l’admiration de toutes les jeunes filles. Mais son insolence semble cacher une grande solitude. Dans ce chapitre, nous allons comprendre pourquoi ce jeune garçon si populaire est à la fois rebelle et désinvolte.

Delphine de Vigan offre une description minutieuse de l’appartement de Lucas. Le lecteur imagine un cadre de vie incroyable et merveilleux via l’utilisation des adjectifs suivants : « immense », « magnifique », « persans », « anciens ». C’est un intérieur sophistiqué et luxueux, aménagé avec goût et richesse. Toutefois, c’est une façade superficielle, « comme un décor de cinéma, comme si tout avait été construit pour de faux. » Cette double comparaison laisse entendre que le cadre n’est ni chaleureux ni authentique.

Le départ du père de Lucas est annoncé d’une manière très brutale et rapide. Pour renforcer l’idée d’une séparation inattendue, Delphine de Vigan utilise une succession de verbes au passé-composé qui permet d’accélérer le rythme tout en détaillant l’évolution de la scène de manière dramatique. Je cite : « il a bouclé sa valise », « il a refermé la porte », « il a laissé ses clés à l’intérieur », « il a refermé la porte derrière lui, il a laissé ses clés à l’intérieur ». Il y a une certaine forme de musicalité dans ce passage qui fait penser au poème de Jacques Prévert « Déjeuner du matin » annonçant également le thème de la déchirure ou de la rupture.

Le récit de Lucas est ponctué d’images précises, ce qui laisse entendre que ce départ fut certainement un choc, bien qu’il ne le verbalise pas. Le père a quitté le foyer. « Il n’est jamais revenu ». L’utilisation de l’adverbe « jamais » annonce un point de non-retour.

La situation familiale de Lucas est d’autant plus fragile « qu’il y a quelques mois sa mère a rencontré un autre homme, Lucas le déteste. » Autrement dit, Lucas, fils unique, vit éloigné de ses deux parents. Il est seul, livré à lui-même et cette solitude ou bien autonomie surprend No qui lui pose des questions pratiques. Je cite : « No le suit, elle pose des questions, comment fait-il pour manger, comment peut-il vivre seul dans un si grand appartement… ».

A ce stade de la lecture, on comprend que ces trois adolescents issus de milieux sociaux différents ont néanmoins des points communs. Ils ont tous une situation familiale fragile et instable bien que les raisons de ces malaises soient différentes (deuil, dépression, séparation, maltraitance, violence…). Par conséquence, les trois ressentent une forme de solitude ou de peine lié à une carence affective.

Toutefois, ensemble ils développent des liens solides fondés sur la bienveillance et la solidarité.  

La relation d’amitié entre les trois jeunes est un des ressorts romanesques du livre. Le rapprochement est progressif et à la fin du chapitre 18, ils partagent un moment de complicité assis, « avachis dans le canapé ». Delphine de Vigan offre un moment simple mais tendre, plein de réconfort.  La description de ce moment suspendu représente un instant de bonheur volé partagé entre ces trois jeunes et présenté ainsi page 85 :

« Plus tard nous écoutons des chansons, avachis dans le canapé, la fumée des cigarettes nous enveloppe d’un nuage opaque, le temps s’arrête, il me semble que les guitares nous protègent, que le monde nous appartient. »

Lou, l’inadaptée au monde, au contact des deux autres, se sent pousser des ailes. Un vent d’espoir, de liberté et de légèreté flotte dans le récit.

En conclusion, la fin du chapitre 18 semble extraire les personnages de leurs soucis le temps de quelques heures. Delphine de Vigan a l’art de terminer ses chapitres sur des registres opposés : parfois dramatiques pour laisser place au suspens et au désir d’en savoir plus ou parfois lyriques ou poétiques pour faire redescendre la tension narrative.   

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