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11 novembre 2020

No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 13

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Le roman No et moi nous offre un découpage temporel d’une année scolaire. Le chapitre 13 démarre ainsi : « C’est le dernier jour des vacances. ». Les retours en arrière sont assez peu fréquents. Le plus long passage évoquant des souvenirs est donc celui du drame familial. Dans le chapitre 13, le lecteur va assister aux retrouvailles entre Lou et No.

Après de multiples recherches, Lou retrouve enfin No. Ce moment tant attendu bouleverse Lou. Elle est émue physiquement. Je cite : « je sens mes jambes faiblir », ce qui traduit une émotion forte. Puis, elle se met à paniquer. Elle a peur et tente de développer des techniques pour contrôler son angoisse.

Le lecteur comprend vite que No ne souhaite pas établir un dialogue. « Elle me voit. Elle me regarde. Sans un geste, sans un sourire, elle se détourne comme si elle ne m’avait pas reconnue. » Le lecteur se demande pourquoi est-elle si indifférente ? Lou tente une explication en voyant son visage qui comporte « cet air de défaite, d’abandon. »

Le comportement distant de No est mis en avant. Son visage est « dur, ferme » et l’échange entre les deux est froid, distant, sec. No est tendue et termine de manière un peu agressive en disant vouloir être seule : « j’ai pas besoin de toi » est une injonction blessante. Pour lui faire comprendre cela, elle utilise les mains et « pousse d’un coup sec. »

Toutefois, Lou ne répond pas à la violence. Elle pense intérieurement à tout ce qu’elle voudrait lui dire. Ce passage sous silence au conditionnel traduit la souffrance de voir leur amitié a peine entamée déjà terminée. Pour cela, Lou ressent un point commun avec No puisqu’elle avoue « mais moi aussi je suis toute seule. » Je trouve cette déclaration tellement touchante.

Comment analyser la réaction de rejet de la part de No ? Son langage familier traduit une colère puisqu’elle dit : « Barre-toi, Lou, je te dis. Tu me fais chier. Tu n’as rien à faire là. C’est pas ta vie, ça, tu comprends, c’est pas ta vie ! ». Dans cet échange tendu, on a l’impression que No met en garde Lou, qu’elle cherche à la protéger en lui disant d’une certaine : nous ne sommes pas du même monde. Ce qui est frappant, ici, c’est que les propos de No font écho avec ceux de la dame rousse du kiosque.

No retourne dans son monde cruel, sauvage, sur dans lequel elle souffre et subit les agressions perpétuelles des autres.

Lou repart. Seule. Vexée. Effondrée. Humiliée. Elle déclare : « Je crois qu’a ce moment-là je la déteste, elle et tous les sans-abri de la Terre. »

En conclusion, les retrouvailles sont loin d’être comme avait peut-être imagine Lou. Ce n’est ni cordial, ni chaleureux. Au contraire, c’est d’une violence inouïe, autant dans les mots que dans les gestes. Delphine de Vigan semble nous dire qu’il est difficile d’établir le contact ou de créer une amitié avec ceux qui vivent en marge de la société. Mais compliqué veut-il dire impossible ?

Je terminerai cette chronique par ajouter un lien vers un podcast intitulé World Book Club qui m’a vraiment aidé à en savoir plus sur les circonstances qui ont conduit Delphine de Vigan à écrire ce formidable roman sociologique.https://www.bbc.co.uk/sounds/play/p05b18fg

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