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19 février 2020

Suite française d'Irène Némirovsky - éditions Folio

Chapitre 18

Au début du chapitre 18, nous retrouvons Hubert, toujours déterminé à l’idée de combattre. Nous savons qu'il n'est pas seul puisqu'il est en compagnie des “hommes rencontrés sur la route”. La voyage a dû être éprouvant et long comme l'indique l'adverbe “enfin”. L’énumération du nombre de personnes voulant s'investir dans le combat montre que la mobilisation est générale.

debut

Le chapitre 18 décrit principalement la guerre en montrant le rôle des soldats et le comportement d'Hubert. De nombreux termes appartiennent au champ lexical de la guerre. Relevons les termes suivants : “des gardes mobiles”, “des militaires”, “pour rejoindre la troupe”, “on va rejoindre la troupe”, “le PC du chef de bataillon”, “une puissante armée”.

Hubert, comme les autres adolescents de son âge ne semblent pas préparés à lutter. La description physique des autres jeunes effectuée par l'autrice les présente encore comme des enfants : “ils avaient des figures roses et rondes, des doigts tachés d'encre, des voix qui muaient.” Autrement dit, leur apparence trahit un manque de maturité. Le lecteur s’inquiète pour eux car il se demande s'ils vont être capable de faire face à la dure réalité du combat.

Hubert observe les gestes des soldats français. Il ne comprend pas vraiment ce qu'il voit comme l'indique la citation suivante : “Dans son inexpérience il crut qu'une puissante armée faisait face é l'ennemi. Il vit disposer sur le pont de pierre des tonnes de mélinite ; il ignorait seulement qu'on n'avait pu trouver de cordon Pickford pour l'allumage.” Autrement dit, l’armée française ne dispose pas de matériel nécessaire pour affronter correctement l'ennemi.

pontHubert fait des efforts pour essayer de s'intégrer au sein du groupe. Il boit de l'alcool pour faire comme les autres, les adultes, les hommes. Toutefois “on ne lui répondait pas, on ne le regardait même pas”. La double utilisation de la phrase négative ici montre qu'Hubert est un jeune homme transparent et inutile. Ses gestes sont gauches et trahissent sa maladresse. Il n'est pas habile et cela en est même ridicule. Je cite : “Hubert saisit un énorme fagot si maladroitement que les épines déchirèrent ses mains et il poussa un petit cri de douleur.” Irène Némirovsky dresse le portrait d'un jeune garçon fragile, sensible et perdu.

De plus, sa présence irrite les autres. C'est pour cela qu'un des hommes, agacé et impatient, lui pose les questions suivantes : “Qu'est-ce que tu fous là ? Tu vois pas que tu gènes ? Non ?” L'utilisation du langage familier renforce l’énervement et l’état d'agitation du soldat. Cela met en valeur au passage l'immobilisme d'Hubert. Par conséquence, “blesse au cœur, Hubert s’éloigna”. Ce retrait souligne la solitude.

gaminLa guerre continue de dégrader l’état physique des français. La phrase “toujours rien à manger, rien à boire” souligne la pénurie. Dès que les allemands arrivent, l'action se précipite et le pont est rapidement détruit. Hubert, en dehors d'observer l'horreur de la situation n'agit pas. Il est prostré. Je cite : “Hubert rampa de quelques pas en arrière. Il était désespéré. Il n'avait pas d'arme. Il ne faisait rien. On se battait et il demeurait les bras croises, inerte, inutile.”

Hubert est très pessimiste. Il comprend que les français ne disposent pas d'armes pour répondre aux attaques. Il déclare, las et fatigue : “C'est un désastre soupira Hubert. C'est la défaite ! J'assiste à une grande défaite, pire que Waterloo.” La répétition du mot “défaite” plonge le lecteur dans un constat d’échec. Ce manque de préparation et d'anticipation est plus tard mentionné dans la phrase suivante : “on défendait encore, sans tanks, sans artillerie, sans munitions” et face à cet amateurisme Hubert tente vainement de rester dans l'action. Son parcours est semé de difficultés.  “Il était ivre de fatigue et de désespoir”. Dans ce chapitre, l'autrice réussit à nous faire prendre conscience de la souffrance extrême d'Hubert et en même temps de la honte qui l'habite. Il se sent ridicule car “incapable”.

Hubert fuit le conflit, cherche un refuge, un abri. “Il fuyait avec le même instinct qui l'avait porte aux lieux de combat.” Il finit par arriver dans un petit village. Il est exténué, harassé. Il se retrouve face à un hôtel et commence une conversation avec Arlette Corail qui semble avoir pitié de lui. Hubert ne reste pas insensible au charme de cette “danseuse”. En effet, “il était extrêmement troublé.” Elle semble aussi conquise comme le souligne l’aposiopèse “Il n'est pas mal, ce petit...”

arlette

En conclusion, dans le chapitre 18, le lecteur se demande finalement comment Hubert est-il parvenu à échapper à la mort. Cela relève du miracle. Dans le chapitre 18, le naturalisme évoqué page 154 vient apporter une touche positive et apaisante dans cette ambiance morbide et oppressante. Irène ajoute des détails bucoliques visibles dans la campagne tels que “une petite venelle”, “un rossignol chantait”, “une cloche sonnait les heures”, “des feuilles fraîches et vertes aux arbres” ou encore “un ruisseau”. La mention de ces éléments naturels et enchanteurs permet d'adoucir le texte, bien que ce moment de répit reste éphémère.

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