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5 juillet 2023

L´événement d’Annie Ernaux – éditions Folio

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Octobre 1963. France. Annie Ernaux est une jeune étudiante en lettres. Elle a la vingtaine, la fleur de l’âge. Suite à de multiples douleurs à l’estomac et un retard de règles anormal, Annie décide de consulter un médecin. Le verdict tombe : elle est enceinte. Pour elle, c’est l’horreur. L’avortement étant illégal dans les années soixante, Annie Ernaux n’avait d’autres recours que de faire appel à une faiseuse d’ange. Elle raconte alors l’avortement qu’elle a dû subir, bien avant la loi du 19 janvier 1975.

Ce récit autobiographique a été publié en 1999, autrement dit plus de trente années se sont écoulées après la rédaction de ce témoignage. Annie Ernaux éprouvait un sentiment de culpabilité de ne pas avoir écrit sur ce sujet bien qu’il soit en partie évoqué dans un de ses livres intitulé « Les armoires vides ».  

Dans ce court livre, Annie Ernaux refait le chemin : elle se repasse en tête la scène d’amour, elle découvre à quoi ressemble la vie lorsqu’un « événement » vient perturber votre existence puis le processus menant à la prise de décision. Etant étudiante, Annie Ernaux ne voulait pas mettre un terme à son parcours universitaire. Elle était donc déterminée d’aller jusqu’au bout de son avortement sans savoir ce qui l’attendait.

Le sujet étant tabou, les jeunes filles faisaient face au flou. Aucune information ne circulait. Tout était tellement secret, si bien que la découverte de l’indicible plongeait les jeunes filles dans une solitude profonde. A la recherche désespérée d’une solution, montre en main face au temps qui avance.

J’ai lu ce livre à deux reprises. Bouleversée par une loi qui condamnait les femmes à chercher des solutions parallèles afin de mettre un terme à une naissance, j’ai admiré une fois de plus son écriture chirurgicale, qui passe au scalpel des phrases courtes, précises menant à l’essentiel. Cette année, je redécouvre l’univers d’Annie Ernaux qui à travers ses cours récits nous fait vivre l’époque des années soixante, soixante-dix…

Il y a beaucoup d’endroits dans le monde où l’avortement clandestin est toujours pratiqué, dans des conditions certainement similaires à celles que décrit Annie Ernaux dans son ouvrage. C’est un vrai parcours du combattant, encore plus difficile si le géniteur est inscrit aux abonnés absents ou si l’entourage est dans le jugement hâtif. Autoriser cette pratique en la légalisant, c’est donner le choix aux femmes. C’est leur accorder la possibilité de disposer pleinement de leurs corps et de leur avenir. Je souhaite que la littérature soit un outil de réflexion afin de faire avancer les mentalités et modifier les lois.

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