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28 avril 2021

No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 31

Chapitre 31

Le chapitre 31 se passe dans différents endroits : l’appartement de Lucas, la voiture des parents de No puis l’appartement de Lou. Les changements rapides des cadres spatiaux dynamisent le rythme du récit et renforcent le caractère tendu et oppressant de certaines situations dans les espaces fermés.

Première partie : description philosophique de la violence selon Lou

Grâce à sa rencontre avec No, Lou a compris de nombreuses choses sur le sens de la vie, notamment la réalité de la vie quotidienne des plus vulnérables. L’utilisation de l’imparfait et de l’adverbe « avant » montre bien que cette histoire d’amitié pas comme les autres lui a ouvert les yeux sur les notions de différences et d’écarts sociaux. Je cite : « Avant de rencontrer No, je croyais que la violence était dans les cris, les coups, la guerre et le sang. » Ici, la narratrice parle de la violence au sens physique : les maltraitances, les blessures, les actes d’agression.

Or, la violence est aussi psychologique car elle « est aussi dans le silence, qu’elle est parfois invisible à l’œil nu. » Delphine de Vigan utilise une personnification en évoquant ceux qui passent sous silence leurs traumatismes. « La violence…elle se tait ». Rappelons que cette figure de style consiste à donner à une idée des caractéristiques humaines.

Deuxième partie : inquiétude et tension familiale

Lou ne descend pas rejoindre ses parents tout de suite car No se sent très mal. Elle s’inquiète car elle vient d’assister à une scène brutale et effrayante. Je cite : « L’image de No était collée à ma rétine. » Remarquons que cette métaphore frappe l’esprit du lecteur qui découvre ensuite avec effroi les détails suivants : « No assise par terre, le sang dans sa bouche. Et Lucas en superposition, tapant du poing contre le mur. » L’écriture cinématographique de ce passage laisse au lecteur la possibilité d’imaginer une scène chaotique et bouleversante.

Le père de Lou, sensible et observateur, se doute qu’il se passe quelque chose d’inquiétant. Pour cela, il enchaine une succession de questions et les nombreuses phrases interrogatives donnent l’impression de lire un interrogatoire.  Plusieurs fois, il demande : « Qu’est-ce qui passe, Lou ? ». Il tente même de jouer la carte sensible en confiant : « Avant, on y arrivait pas mal, tous les deux, on se racontait des choses, on se parlait. Qu’est-ce qui ne va pas ? ». En dépit de cette approche plus tendre et plus intime, Lou se montre silencieuse. Evasive. Contradictoire : « oui…enfin…non. »

Lou finira par admettre qu’elle a menti par omission de peur que son père l’envoie dans un centre.

Troisième partie : discours argumentatif revendicatif…puis provocateur

Lou pour se défendre va construire un argumentaire concis en se comportant comme l’avocate de Lou. Elle parle en son nom en enchainant de nombreuses phrases négatives. L’anaphore rhétorique : répétition d’un mot ou groupe de mots en début de phrase est visible dans la construction suivante : « elle ne veut pas aller dans un centre parce que c’est sale » puis « elle ne veut pas se soigner parce qu’il n’y aura personne pour l’attendre ». C’est un discours engagé qui vise à défendre une cause.

Mais au fil de sa prise de parole, les émotions vont devenir de plus en plus fortes, voir insurmontables : « je pleure et je continue de parler, je dis n’importe quoi. » Lou se met à utiliser un langage vulgaire, agressif mais surtout provocateur et injuste. Je cite : « vous vous en foutez pas mal, parce que ça vous dérange d’avoir quelqu’un qui picole chez vous, quelqu’un qui ne va pas bien, parce que ça fait désordre dans le tableau, parce que vous préférez regarder le catalogue Ikea. » En bref, elle leur reproche leur indifférence, leur égoïsme, leur manque d’implication. La tristesse nous conduit parfois à dire des phrases blessantes.

Lou attend désespérément un geste de tendresse de la part de sa mère. En vain. « Alors je pense que la violence est la aussi, dans ce geste impossible qui va d’elle vers moi, ce geste à jamais suspendu. »

En guise de conclusion, le chapitre 31 met en place une scène de confrontation entre une adolescente indignée, effarée et de l’autre côté, un père inquiet mais aussi furieux qui agit avant tout par amour pour sa fille. Je trouve que l’écriture de Delphine de Vigan ne cherche pas à convaincre le lecteur de choisir un camp. Au contraire, l’exposition des deux points de vue montre que le sujet même de la dispute est complexe et délicat car il s’agit ici du traitement des Hommes, des Femmes. Des exclus. De ceux qui vivent en marge de la société. 

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