La commode aux tiroirs de couleurs d’Olivia Ruiz – editions JC Lattès

Suite au décès de sa grand-mère espagnole adorée, une jeune femme hérite d’une commode fascinante comportant dix tiroirs. Intriguée par ce meuble familial robuste, la jeune fille décide d’ouvrir les tiroirs afin de comprendre l’histoire de sa famille, de rendre à travers ce récit un hommage vivant à ces quatre générations de femmes partagées entre leur terre d’origine : l’Espagne et leur vie en France.

Fin des années 1930. Nous sommes en pleine guerre civile en Espagne.  Le livre démarre avec l’histoire d’une petite fille refugiée espagnole ayant fui le franquisme aux côtés de ses deux sœurs : Carmen et Leonor. Si au départ, il y avait une sensation de liberté dans cette nouvelle aventure, la réalité a très vite fait place au froid, à la faim et à l’humiliation. Arrivées de nuit en France au camp d’accueil misérable d’Argelès, les trois sœurs débarquent aux côtés de 400 00 personnes. Elles sont accueillies dans des conditions terribles sur une plage qui ressemblait plutôt à un mouroir. On les regardait comme des bêtes curieuses. Elles filent ensuite vers Narbonne rejoindre le tío Pepe. Elles y découvrent des logements insalubres mais en même temps dans cet immeuble bruyant règne une ambiance rassurante. Les trois savent cuisiner, coudre et faire le ménage. Désormais écartées de leurs parents morts, quelle vie découvriront-elles en France ?

Ce livre est le premier roman d’Olivier Ruiz. C’est une fiction dans laquelle on peut imaginer qu’elle a puisé certains faits dans son histoire familiale. Ce livre parle de l’exil, de l’arrachement brutal et insoutenable à sa terre d’origine. Que signifie grandir dans un pays quand la seule chose qui vous reste est votre langue maternelle ? Est-ce un poids ou une richesse ? Comment s’intégrer ? Page 53, Olivia Ruiz mentionne le comportement de cette adolescente compliquée et ingérable, prête à tout pour se fondre dans la masse, quitte à jouer un rôle. Je cite : « Je joue le détachement et tente de me souvenir de ce qui fera de moi une vraie française. Je dois être tout en retenue, un peu prude, un peu mécontente, sinon je ne collerai pas à mon personnage. Mon impulsivité et ma franchise, au placard. ! » : « Ce livre parle aussi de la passion amoureuse via une écriture très sensuelle. Il évoque avec poésie et tendresse les liens-intergénérationnels. Le texte est ponctué de mots en espagnol et en vivant ici j’ai apprécié ce mélange qui rythme de manière mélodique les chapitres. Beaucoup de thématiques se croisent, notamment la reconstruction et l’immigration. C’est un livre qui donne envie de se plonger dans l’histoire de la retirada, d’en savoir plus sur ces républicains qui ont franchi la frontière franco-espagnole dans l’espoir de construire une meilleure vie ailleurs.

Comments

[milly123]

Je note ce roman. Je sais déjà que je vais l'aimer et je trouve l'idée de départ (la commode) originale. On peut trouver tellement de chose dans une commode à quatre tiroirs! :)