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18 novembre 2020

No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 14

Lucas

Suite aux terribles retrouvailles tendues dans le chapitre précédent, le lecteur change de décor en se retrouvant « dans le bus ».  Le cadre de la narration est toujours essentiellement urbain. Lou remarque immédiatement la présence de Lucas. La proximité entre les deux est soulignée par une phrase nominale (phrase construite sans verbe) : « Pile en face de moi ». Cela a pour effet de renforcer les émotions de Lou.

Lucas démarre la conversation avec la phrase interrogative suivante : « T’as passé des bonnes vacances, Pépite ? ». Nous constatons qu’il utilise de nouveau ce surnom affectif et tendre quand il s’adresse à elle. Cela permet de créer une complicité entre les personnages.

Lou, discrète et timide répond en faisant la moue. Au lieu de rédiger un dialogue, Delphine de Vigan met en place un monologue intérieur, ce qui nous permet d’accéder aux propos que Lou tient en elle-même. En effet, elle exprime ses sentiments d’admiration, d’amour sans les formuler ouvertement. Elle passe sous silence le portrait qui met en valeur Lucas dans lequel il nous apparait comme un garçon populaire mais aussi sensible. Lou idéalise Lucas, le cancre rebelle de la classe en déclarant : « il sait combien le temps nous échappe et que le monde ne tourne pas rond. » La répétition de la structure « il sait » crée un rythme tout en glorifiant l’image de ce jeune adolescent, figure emblématique de la classe. Elle devient d’ailleurs rêveuse et nostalgique en faisant référence à une anecdote romantique. Je cite : « Un jour il m’a dit que j’étais une fée. »  Lou finira par avouer simplement : « il m’impressionne. »

Une fois de plus, Lou a énormément de difficultés à s’exprimer. L’utilisation du conditionnel « J’aimerais lui dire que j’ai perdu No » souligne la bataille permanente entre ses désirs et la réalité des faits. Au passage, elle mentionne intérieurement son manque d’entrain à l’idée de rentrer chez elle certains soirs « à cause de toute cette tristesse qui colle aux murs. » Cette métaphore plonge de nouveau le lecteur dans une ambiance familiale lugubre.

Il semblerait que Lucas soit le garçon qui perçoit cette détresse en essayant de lui proposer une activité qui pourrait lui faire plaisir. La phrase interrogative : « Un soir si tu veux, Pépite, on pourrait aller à la patinoire ? » apporte un vent de légèreté et d’optimisme. La question permet aussi de faire redescendre la tension narrative. Toutefois, l’utilisation de l’onomatopée « Mmmm » souligne l’hésitation ou la peur de Lou d’accepter cette invitation.

Lou, jeune fille surdouée et précoce, est dotée d’une sensibilité extrême. Elle est constamment en train d’essayer de contrôler ses émotions. Consciente de cet état, elle « essaie de faire bonne figure » autrement dit de ne pas « laisser les idées envahir sa tête ». Cependant, nous lecteurs, sommes conscients que Lou a besoin de tendresse. La dernière phrase du chapitre 14 permet de créer un suspens au sujet de l’évolution de leur amitié. Je cite : « J’essaie de ne pas penser qu’un jour Lucas pourrait m’entourer de ses bras et me serrer contre lui. »

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