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3 mai 2020

Le consentement de Vanessa Springora – Edition Grasset

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Dès son plus jeune âge, Vanessa Springora grandit dans un univers familial perturbé. Son père est un homme agressif, violent, vulgaire, jaloux et de surcroît un maniaque obsessionel. Ce tyran domestique lui laissera de douloureux souvenirs de son enfance. Avant son entrée au cours préparatoire, ses parents se séparent. A l’école primaire, la petite fille deviendra une enfant studieuse, bonne élève, obéissante et sage, vaguement mélancolique.

Nous entrons ensuite dans la deuxième phase du roman, intutulée “la proie”.  La mère de Vanessa travaille dans le milieu éditorial parisien. Nous sommes dans les années 1970. Vanessa a treize ans. C’est une collégienne, en classe de quatrième. Passionnée de littérature, elle passe son temps plongée dans la lecture de romans classiques. Elle accompagne souvent sa mère lors de diners mondains, au cours desquels elle a l’occasion de rencontrer des écrivains prestigieux. C’est lors d’une de ses soirées “qu’une homme de lettres” alors âgé de cinquante ans pose sur elle un regard insistant.

A partir de ce moment-là, quelque chose de magnétique circule entre eux. Très vite, une relation cachée se met en place. Grâce à cet auteur connu qu’elle designe “G.” dans le livre, Vanessa a le sentiment d’exister. Des années plus tard, elle se rendra compte de la nature de cet homme pervers qui se comportait avec de nombreuses jeunes victimes, garçons ou filles, tel un prédateur sans foi ni loi. Elle décrit parfaitement le mécanisme d'emprise dont elle a été victime et de la grande difficulté d'en sortir.

Ce livre est captivant dans la mesure où il nous plonge dans un contexte socio-culturel complètement différent de celui dans lequel nous vivons désormais. Aujourd’hui, nours remarquons grâce à la libération de la parole des femmes, du rôle des réseaux sociaux, de l’évolution des moeurs de la société, que les femmes peuvent utiliser l’écriture non seulement comme une arme puissante mais aussi comme un support thérapeutique.

La question soulevée dans le livre page 64 : “Pourquoi tous ces intellectuels de gauche ont-ils défendu avec tant d’ardeur des positions qui semblent aujourd’hui si choquantes” est exactement l’interrogation qui m’a accompagné tout au long de ma lecture. La réponse, aussi choquante soit-elle, est la suivante : “C’est que, dans les années soixante-dix, au nom de la libération des moeurs et de la révolution sexuelle, on se doit de défendre la libre jouissance de tous les corps.”En dépit des lois existantes a l’époque, cet auteur de par sa notoriété publique et de par sa capacité àendormir son entourage grâce à une assurance d’aplomb, a echappé a la justice. Mais il semblerait que le vilain méchant loup derrière lequel se cache un pervers narcissque ne pourra pas rester longtemps à l’abris puisqu’un procès est prévu en septembre 2021.

Parlons maintenant de l’écriture. On sent dès le départ une tension narrative assez forte qui sera d’ailleurs présente tout le long de la narration. Le style, je dirais est assez journalistique, factuel dans la mesure ou l’ecrivaine livre des faits, raconte des anecdotes en mentionnant des détails pour la plupart ahurissants. Vers la fin, le style est beaucoup plus personnel et j’ai vraiment senti l’importance de l’ecriture pour l’autrice, comme elle le dit si bien dans le prologue “enfermer” le bourreau dans un livre.

Enfin, pour terminer, ce livre soulève la question de la création artistique. “La littérature excuse-t-elle tout?”. Au nom de la production littéraire, les écrivains ne doivent pas se sentir invincibles, au-dessus des lois. Ce récit est loin d’etre un simple témoignage, c’est un livre ferme, tranchant et poignant.

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