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4 décembre 2019

Suite française d' Irène Némirovsky - éditions Folio

 

IMG_20191204_114004Chapitre 5

Le chapitre 5 fait entrer deux nouveaux personnages : Mr et Mme Michaud. Tous deux sont employés de banque. « Ils travaillent dans le même établissement, mais le mari occupait une place de comptable depuis quinze ans tandis qu'elle n'avait été engagée que quelques mois plus tôt à titre provisoire pour la durée de la guerre. » C'est un couple modeste qui vit à Paris. Nous savons qu'ils font face à quelques difficultés financières. « Ils avaient toujours connu une vie difficile depuis le jour ou il s 'étaient sauvés de chez eux pour se marier contre le gré de leurs parents. »

Dès le début du chapitre, l'auteur instaure un climat de tension inhabituelle puisque « les rues étaient vides ». Irène Némirovsky livre des détails visuels et sonores pour être au plus près de la réalité « de guerre dans les villes menacées ».

L'auteur dresse le portrait physique et moral de Mr et Mme Michaud.

Commençons par l'homme. « L'homme était de petite taille, l'air las et négligé, mais par moments, lorsqu'il se tournait vers elle, la regardait, la souriait, une flamme moqueuse et tendre s'allumait dans ses yeux – la même, pensait-il, oui, vraiment, presque la même qu'autrefois. » Cette citation nous fait comprendre que Monsieur Michaud est un homme attentif, attentionné, sensible. doux et romantique. La citation : « il l'aida à gravir le trottoir et ramassa le gant qu'elle avait laisse tomber » montre qu'il est délicat et soucieux du bien-être de sa femme.

Poursuivons avec la femme, Madame Michaud. « Elle avait encore des traces de beauté dans son maigre visage. Ses cheveux étaient gris. »C'est une professeur de chant cependant elle ne peut plus exercer son métier car tous ses élèves ont fui Paris « par crainte des bombardements ». Cette information renforce le climat de peur et de panique collective créée par l'invasion allemande. « Les Michaud ne savaient rien » met en valeur le chaos qui régnait a Paris a cette époque.

Ils ont un fils unique qui s'appelle Jean-Marie. Il a été mobilise pour la guerre et l'absence de nouvelles plonge le couple dans le désespoir et l'angoisse. « Le seul réconfort possible était celui de leur mutuelle présence. » Cette citation montre que face à l'incertitude de la situation, ils restent solides car ils sont ensemble. Leur force est leur amour indestructible souligne dans la citation suivante : « Quel bonheur de ne pas nous séparer. »

Dans le chapitre 5, nous faisons connaissance avec Monsieur Corbin qui est le directeur de la banque, « le véritable chef de la maison. » On sent dans cette désignation une connotation péjorative qui est plus tard renforcée avec cette description négative du personnage : « Il se montrait avec toutes ses employées, belles ou laides, jeunes ou vieilles, également hargneux, grossier et avare. » La succession des adjectifs ici nous offre le portrait d'un homme désagréable, impoli et hautain et nous retrouvons dans cette images des traits similaires avec Gabriel Corte. Autrement dit, ce qu'il faut retenir, c'est que l'auteur tire le trait sur ces hommes misogynes qui se montrent souvent colériques et capricieux.

Monsieur Corbin entretient une relation avec une danseuse : Arlette Corail. « Elle était svelte et bien faite, le visage dur et fatigue sous le fard. » Elle est danseuse car « il semblait ne pas s’intéresser aux femmes engagées dans d'autres professions ». Face aux dangers de la situation, il est indifférent et lui propose de prendre le train pour fuir Paris. Il a d'autres priorités : les dossiers et une partie du personnel. Il est grossier et méprisant et ne s’inquiète pas du tout de la sécurité d'Arlette. Une fois de plus, l'auteur utilise une aposiopèse quand elle écrit : « Allons ! Pas d'histoires. Je vous téléphonerai ce soir, je verrai ce qu'on peut faire... » Le lecteur s'interroge donc sur la légitimité de ses promesses.

Chapitre 6

La famille Péricand est prête pour le grand départ. Dès le début du chapitre, l'auteur livre une multitude de détails relatifs à l'organisation de l'exode. Les modes de transports utilisés sont les suivants : « la voiture des Péricand», « une voiture d'enfants et une bicyclette ». L'auteur énumère la liste des objets nécessaires pour le voyage : « Le matelas doux et profond, tous les sacs, les valises et les mallettes de la famille, le coffret a dentelles, la planche a repasser ». Ils prévoient également de la nourriture : « les paniers qui contenaient les sandwiches et les thermos du goûter, les bouteilles de lait, du poulet froid, du jambon, du pain et les boites de farine » et d'autres objets précieux tels que : « La corbeille du chat, ces grands draps brodés,les bijoux les plats d'argent et la bibliothèque. »Dès l’incipit, le groupe des bourgeois qui doit évacuer leur domicile est touchant et ahurissant à la fois.

La panique à Paris est palpable. Les gares ne sont pas accessibles car elles étaient « closes et gardées par la troupe. » La désorganisation est très bien décrite dans ce passage car « la foule s'accrochait aux barreaux, les secouait, puis refluait en désordre dans les rues voisines. » On comprend que la pénurie d'essence entraîne un sentiment de peur et d'angoisse. Les gens sont très tristes de quitter leurs maisons car ils pensent que « demain elle sera en ruine ». L’incompréhension plane. La confusion est générale et pour souligner ce phénomène, Irène Némirovsky utilise une gradation ascendante dans la phrase suivante : « On voyait sur le seuil d'une maison apparaître un groupe gesticulant de femmes, de vieillards et d'enfants s’efforçant calmement, fiévreusement ensuite, puis avec une excitation maladive et folle de faire entrer familles et bagages dans une Renault ». Cette figure de style permet d'amplifier la description surréaliste de la scène, en insistant en plus sur le fait que la guerre n’épargne personne, touchant les femmes, les personnes âgées et les plus jeunes. L'auteur conclue de manière frappante en disant : « l'essentiel, c'est de sauver sa vie ! » On retrouve dans cette phrase désespérée cette notion d'instinct de survie ressentie par les animaux ressentent quand ils font face au danger.

Les domestiques ne comprennent pas réellement ce qui se passe. « Ils tremblaient de peur, ils voulaient partir mais la routine était plus forte que la terreur. » Cette citation montre à quel point ils sont conditionnés et au service de leurs employeurs.

Infirme, le vieillard Péricand est transporté en fauteuil roulant. Le sortir de la maison est très compliqué. La répétition du pronom personnel « on » dans les phrases suivantes « On le lui donna. On lui mit son long pardessus...On l'installa...on lui fit descendre...on installa le vieux Péricand…. » insiste sur le fait qu'il est dépendant des autres, un peu comme une charge supplémentaire. Cet agacement est renforcé avec la colère de Mme Péricand qui s'impatiente : « Mais qu'est-ce que c'est ? Mais c'est insensé ! Mais nous serons encore là demain, s'exclama Mme Péricand, Que désirez-vous, mon Père ? Qu'est-ce qu'il veut ? » L'utilisation de la ponctuation ici renforce le caractère autoritaire de Mme Péricand. Une fois le vieux installé et le chargement terminé, monsieur voudrait qu'on le remonte...pour sa petite commission... » Ce qui est intéressant ici, c'est l'insertion d'une anecdote comique dans un contexte tragique. L’opposition des registres vient surprendre le lecteur en créant un effet de surprise à la fin du chapitre. L’œil d’Irène Némirovsky perce «le paysage » humain en nous livrant une description précise et détaillée, non dépourvue d’ironie.

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