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26 novembre 2020

No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 15

No et moi chapitre 15

Le chapitre 15 démarre avec des retrouvailles inattendues. Surprenantes. Incroyables. Comme celles que l’on lit dans les bons romans. Lou sort du lycée et aperçoit immédiatement No qui l’attend.

Première partie : retour surprenant de No

Lou remarque « tout de suite » no. Cet indicateur temporel renforce l’effet de surprise émergeant dans cette situation. Lou commence par visualiser des détails sur l’attitude et l’apparence de No. Son aspect est toujours négligé. Elle fait peine à voir car elle est « sale ». « Son jean est maculé de traînées noires, ses cheveux collés par petits paquets. » Cette description effroyable suscite l’empathie de lecteur. La proximité entre les deux est soulignée par la succession d’une phrase simple suivie d’une construction nominale. Je cite : « Il y a moi. En face d’elle. » Toutefois, Lou reste immobile. Sans doute pétrifiée par la colère ou la peur. Nous pouvons penser qu’elle est incapable de faire le moindre mouvement à cause de leur dernière rencontre, marquée par tant de violence. Tant de souffrances autant verbales que physiques.

Deuxième partie : Lou est un personnage empathique

En considérant de loin cet aspect physique abimé et négligé, Lou déclare : « D’un seul coup je n’ai plus d’amertume, ni de ressentiment, seulement l’envie de la prendre dans mes bras. Je traverse. Je dis viens. Elle me suit jusqu’au Bar Botte. » La réaction de Lou ici est très spontanée et immédiate. Elle agit rapidement. Cette sensation d’accélération dans le récit est présente via l’expression « d’un seul coup » mais aussi la succession des verbes d’action. L’écriture dans ce passage est cinématographique. En effet, on visualise parfaitement la scène et on imagine facilement la curiosité des élèves quand Delphine de Vigan déclare : « Les gens nous regardent. » Pourquoi ? « parce que No vit dans la rue et ca se voit comme le nez au milieu de la figure. » Ici, cette comparaison met en valeur l’évidence de sa situation précaire. C’est inratable. C’est un état de fait mais en même temps l’expression « comme le nez au milieu de la figure. » relève du langage enfantin, imagé et permet ainsi de dédramatiser la situation.

Troisième partie : un monologue touchant à l’intérieur du café

No va alors se livrer. Elle va raconter sa vie d’une manière saccadée et rapide. Elle va tout d’abord commencer par serrer une tasse pour se réchauffer les mains puis parler de sa solution temporaire d’hébergement. Sa situation est toujours incertaine. No a une vision de sa vie à courte durée. Puis ses journées longues et monotones sont annoncées par une succession de verbes à l’infinitif. Je cite : « Marcher pour ne pas avoir froid. Trouver un endroit pour s’asseoir. Il faut traverser tout Paris pour un repas chaud. Prendre un ticket. Attendre. Repartir. » Sa vie est une lutte permanente contre le froid, la faim et la violence.

No avoue avoir essayé de trouver un emploi. Cependant, « pas d’adresse, pas de boulot. » Ici, Delphine de Vigan exprime la cause et la conséquence d’une réalité fataliste contre laquelle elle ne peut rien. Ce récit est bouleversant car nous apprenons que No avait des rêves étant petite. Mais désormais elle est désespérée de n’avoir aucun projet d’avenir. Delphine de Vigan nous fait ressentir son désarroi ultime lorsque No confie le constat suivant : « Elle n’a jamais pensé que sa vie deviendrait si merdique. » L’utilisation de ce terme familier souligne l’accablement profond de No.

Quatrième partie : Lou guidée par la volonté d’aider

Lou est touchée en plein cœur par ce récit effroyable. Elle comprend la tristesse de No et souhaite l’aider. Je cite : « Je donnerais tous, mes livres, mes encyclopédies, mes vêtements, mon ordinateur, pour qu’elle ait une vraie vie, avec un lit, une maison et des parents pour l’attendre. » Lou est sensible et s’inquiète profondément pour No dont la peau est devenue « grise et sèche. » Son teint est cadavérique. Lou devine qu’elle a atteint les limites car elle dit : « Elle est arrivée au bout, au bout de ce qu’on peut supporter, au bout de ce qui est humainement acceptable. » Cette citation souligne que l’exclusion conduit les plus vulnérables à subir de plein fouet l’inacceptable. Ils sont guidés par des instincts de survie. On ne respecte plus leurs conditions.

La fin du chapitre est beaucoup plus légère. Après la tempête, survient un moment de calme. La tension baisse quand No demande : “Alors ton exposé?” A partir de ce moment-là, on a l’impression d’avoir deux adolescentes ordinaires, contentes de se retrouver, de parler de la vie de l’école, des premiers sentiments amoureux.

Un instant suspendu dans une narration forte en émotions.

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