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7 septembre 2020

No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 7

No et moi chapitre 7

Chapitre 7

Dans le chapitre 7, le lecteur effectue un retour en arrière, au moment de l’enfance de Lou. Nous allons découvrir l’histoire du drame familial et ainsi comprendre les origines de la dépression de la mère.

Lou avait huit ans quand sa mère est tombée enceinte. Lou se posait alors des tas de questions sur la conception des enfants. Pour éclaircir ce mystère, elle consultait l’encyclopédie des mammifères. Cette démarche précoce souligne son autonomie et sa curiosité. Le chapitre 7 est marqué par une frontière marquante entre la période de la grossesse et la mort subite du nourrisson.

Du bonheur…

Plusieurs éléments montrent que le deuxième enfant est attendu et désiré dans cette famille. Tout d’abord, le jour du test, les parents ont « bu du champagne et trinqué » en signe de joie et de tendresse. Ils ont ensuite partagé l’heureuse nouvelle avec leur entourage. Je cite : « Au bout de quelques semaines, on a pu l’annoncer à tout le monde et on a commencé à se préparer. » Par ailleurs, il y a eu des modifications dans l’appartement afin d’accueillir au mieux le bébé. Ils ont effectué des achats et la mère a sorti les habits de Lou de quand elle était petite. Cette succession d’informations montre que les préparatifs se sont effectués dans la joie et la bonne humeur. L’attente étant synonyme d’euphorie.

Le lecteur découvre le portrait de la mère en période de vacances. Elle dresse l’image d’une femme joyeuse, insouciante, légère appréciant les « siestes à l’ombre du parasol. » Cette présentation tranche avec la mère mutique et maladive qui apparait dans les chapitres précédents.

Lou manifeste son émerveillement devant la naissance du bébé en qualifiant cet évènement « d’incroyable » et de « spectaculaire ». Elle est en admiration devant sa petite sœur et utilise une métaphore scientifique pour déclamer sa fascination. La petite Thais a ses yeux est une « mécanique de haute précision. » Lou compare successivement la naissance d’un bébé avec des progrès techniques, scientifiques mettant ainsi en valeur ses capacités intellectuelles.

…à la tragédie familiale

Toutefois, la tension narrative monte d’un cran et nous ressentons l’annonce imminente d’une catastrophe via l’analyse des sentiments et le vocabulaire dramatique utilisé.

Tout d’abord, quand Lou est seule, elle regarde les photos de sa petite sœur disparue. Elle devient nostalgique et se livre à un monologue intime puissant et émouvant. La vision de ses photos lui provoque des sensations très fortes. Je cite : « j’ai le cœur qui bat, à déchirer ma poitrine. » Cette mélancolie est d’autant plus forte qu’elle ne peut-être partagée. Chacun sa peine. Dans cette famille, le drame est devenu tabou. Remplacé par le silence. La phrase « Maman serait folle si elle me surprenait » montre que Lou est obligée d’agir en cachette. » Autrement dit, il ne sert à rien de verbaliser le malheur.

De plus, l’autrice utilise l’imparfait pour préciser que les moments décrits sont révolus. Lou fait référence à des évènements lointains quand elle déclare : « J’aimais bien changer Thais » ou encore « Je me dépêchais de rentrer de l’école pour les retrouver. »

La mort de l’enfant est tout d’abord indiqué par un son entendu par Lou. Je cite : « Un dimanche matin j’ai entendu le cri de maman, un cri que je n’oublierai jamais. » Lou n’a pas compris immédiatement ce qui était en train de se passer. Cette incompréhension rend la scène particulièrement dramatique dans la mesure ou Lou est spectatrice de l’horreur. Accaparés par le caractère surréaliste de la situation, les parents ne semblaient pas conscients de la présence de leur fille. Une vague de panique et d’angoisse s’est abattue sur eux. Pour atténuer l’horreur, l’autrice utilise un euphémisme : « maman a vu dans leurs yeux que c’était fini. »

Cette tragédie a bouleversé la vie de Lou qui a du changer d’école. « Lou a passé 4 ans à Nantes dans un collège pour enfants surdoués. » En fait, le décès de Thais a entrainé une nouvelle organisation familiale. Ensuite, elle a décidé de revenir à Paris car elle voulait « que la vie reprenne comme avant. »

La mère a été profondément affectée par ce drame. Elle a en effet sombré dans une dépression. Je cite : « Anouk nous reconnait à peine, elle vit depuis quatre ans dans un monde parallèle, inaccessible, un genre de quatrième dimension et se fout pas mal de savoir si nous sommes vivants. »Elle a tellement été perturbée par cette disparition brutale qu’elle reste prostrée chez elle, refusant de sortir. La tristesse l’a plongée dans la solitude, dans une spirale négative. Elle agit comme un robot, de manière mécanique sans montrer ni d’intérêt ni de tendresse à sa fille. Dans le dernier paragraphe, ce repli sur elle-même est fortement souligné avec la répétition de la même structure comportant un adverbe de fréquence "Plus jamais elle..."

En conclusion, le retour en arrière dans ce récit nous permet de comprendre le point de rupture de l’équilibre de cette famille. Nous comprenons parfaitement ce qui s’est déroulé « ce dimanche matin. » Nous savons quelle est l’origine de la dépression de la mère. Ce chapitre nous éclaire sur ce qui s’est passé tout en exposant les conséquences de cette tragédie. A travers ce récit, l’autrice aborde le thème de la mort subite inexpliquée du nourrisson. Ce phénomène assez rare marque à jamais l’entourage familial. Lou a sa manière, interprète le décès de sa petite sœur, avec son langage et sa perception de la vie.

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