No et moi de Delphine de Vigan - chapitre 6

Dans le chapitre 6, Lou rencontre No dans un bar et lui fait part de son projet de l’interviewer afin de réaliser son exposé oral.

Des retrouvailles tendues

Au début, No semble de « très mauvaise humeur. » Elle ne s’exprime pas, ne dit pas bonjour et semble contrariée. « Elle répond par un grognement. »On utilise en général ce terme pour designer le cri des animaux prêts à attaquer, à répondre de manière agressive.

Lou est intimidée par cette nouvelle rencontre. Elle essaye de focaliser son attention sur d’autres sujets « pour ne pas regarder ses mains. » Elle s’échappe dans ses pensées intérieures afin de contrôler son manque de confiance en elle, sa peur, son angoisse. Se mémoriser un souvenir heureux avec ses cousins l’été dernier est un moyen d’échapper à ses appréhensions.

No accepte l’invitation dans le bar. Elle a « l’air renfrogne » ce qui signifie qu’elle est agacée par quelque chose. Lou, en dépit de ses inquiétudes lui expose sa requête.

Un dialogue explicatif et argumentatif

Lou demande un service à No. Je cite : « Je voulais te voir parce que j’ai un truc à te demander (c’est l’introduction, j’ai préparé) ». No manifeste encore son talent en appliquant intelligemment une démarche méthodique apprise en classe. Le langage utilisé entre les deux relève du registre familier (« truc » ou « ouais »). Lou ajoute des explications supplémentaires sur le contenu de ses cours pour être plus précise et plus claire, toutefois No ne semble ni convaincue ni intéressée puisqu’elle répond par « Mmm ».

Lou va alors modifier son approche en étant plus personnelle et intime. Elle va révéler ses failles et partager sa hantise à l’idée de s’exprimer devant les autres. La phrase « j’ai vraiment la trouille » exprime clairement son stress. La situation est d’autant plus délicate qu’elle fait face au silence de No. Je cite : « Elle ne répond pas. » ou « toujours rien ». Bien qu’elle fasse des efforts pour tenter d’amadouer No en lui précisant le genre de questions qu’elle pourrait poser telles que : « Tu pourrais me dire simplement comment ça se passe, tu vois, pour manger, pour dormir, ou si tu préfères me parler d’autres gens que tu connais qui sont dans la même situation », No reste silencieuse jusqu’au moment où elle demande : « Qu’est-ce que tu me donnes en échange ? » Nous remarquons une ellipse narrative puisque Lou ne répond pas à la question, ce qui permet de provoquer un effet de surprise dans le dialogue. Le silence exprime t’il l’inattendu ?

La situation familiale de Lou

Dans la dernière partie, Lou évoque une soirée classique chez elle, ce qui nous permet d’en savoir plus sur son entourage familial. La première chose que nous remarquons c’est que « le diner est prêt, la table mise », cependant la mère de Lou est couchée. La situation semble étrange, anormale. Le lecteur s’interroge : est-elle souffrante, malade, fatiguée ? Ensuite, Lou remarque immédiatement la tristesse sur le visage son père. C’est un personnage bienveillant, attentif mais Lou est sensible aux émotions des autres et voit bien que « sa voix sonne faux. »La citation suivante : « Mon père est très fort pour animer une conversation et donner l’impression qu’il se passe des choses quand il ne se passe rien » montre qu’il veut être rassurant, gentil et aimable. Toutefois, cette comédie de façade ne fonctionne pas. En dépit de ses nombreux efforts, il implore sa fille de se montrer patiente et compréhensive. Je cite : « Tu sais Lou, il faudra du temps pour qu’on retrouve l’ancienne maman. » Le père compte sur la maturité de sa fille pour accepter les difficultés passagères de sa mère.

La fin du chapitre 6 se passe dans la chambre de Lou. Elle est dans son lit, ses pensées volent vers Lucas qui s’est montré  positif, attentionné  et encourageant avec elle. Pour lui donner de la force et l’envie de poursuivre, il a utilisé un surnom affectif et lui a déclaré gentillement : « T’inquiète pas, Pépite, je suis sûr que tout va bien se passer. »