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21 mai 2020

Eldorado de Laurent Gaudé – éditions Babel

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Catane est une ville portuaire située sur la côte est de la Sicile. Depuis de nombreuses années, le commandant Salvator Piracci patrouille les mers afin d’intercepter les embarcations des émigrés clandestins. Son métier le conduit donc à constater le désespoir des hommes et des femmes, prêts à tout pour reconstruire une nouvelle vie en Europe.

Or, un jour il se retrouvera en contact avec une femme qu’il avait eu l’occasion de sauver lors d’une opération très délicate au cours de laquelle de nombreux candidats périrent dans des conditions terribles. La femme raconte les conditions affreuses de son voyage tout en restant digne. Animée par un désir de vengeance, celle-ci demande l’aide du commandant. Cette rencontre viendra ébranler sa foi et remettre en cause le sens de son existence.

En parallèle, deux frères au Soudan, rêvent de quitter leur pays d’origine afin de vivre sur cette terre merveilleuse, l’Eldorado en référence à cette terre imaginaire si bien décrite dans le roman « Candide » de Voltaire. Laurent Gaudé leur donne la parole, révélant ainsi leurs doutes, leurs espoirs, leurs rêves, leurs peurs…

J’avais déjà lu ce livre il y a longtemps mais le relire fut l’occasion de me replonger dans le thème de la question migratoire, qui est un sujet qui me passionne. L’auteur dénonce la monstruosité de ceux qui exploitent la misère de leurs compatriotes tout en montrant que leurs décisions vont a l’encontre d’une certaine logique commerciale.

Ce livre, croise des histoires, toutes aussi bouleversantes les unes que les autres. Des récits parfois tragiques de ceux qui échouent ou bien des témoignages de ceux qui parviennent à franchir les frontières, mais à quel prix ?  En ce sens, le livre soulève la question de la conséquence suite au voyage : l’abandon du pays d’origine, les souvenirs traumatisants du périple, la séparation des proches ou encore la dette pèsent et affectent considérablement les plus vulnérables.   C’est une chose de voir des images troublantes à la télévision sur ce sujet d’actualité polémique parfois traité en deux, trois minutes entre deux informations mais c’en une autre de se plonger dans un roman, de savourer l’écriture de Laurent Gaudé qui prend le temps de rendre hommage aux victimes souvent retrouvées déshydratées, épuisées par le froid, la faim et les embruns. 

Je terminerai cet article avec un extrait touchant : "Je me suis trompé. Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays. Et qu'il n'y ait ni fils barbelés ni poste frontière n'y change rien. J'ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l'on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes."

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