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18 décembre 2019

Suite française d' Irène Némirovsky - éditions Folio

Chapitre 8

Dans le chapitre 8, nous retrouvons les Michaud. Rappelons que Le couple Michaud appartient à la classe moyenne ; tous deux sont employés de bureau : l’homme est comptable, la femme secrétaire.

Avant de quitter leur appartement, les Michaud ont nettoyé à fond leur lieu de vie car pour eux « c'est un dernier hommage, une preuve suprême d'amour à ce qui fut cher. » Ils ont un attachement émotionnel à leur appartement car c'est un espace de souvenirs. « Ils y vivaient depuis seize ans. »

michaud1La scène dans la chambre du fils est touchante et émouvante. Rappelons que leur fils unique Jean-Marie est à la guerre. Ils sont malheureusement sans nouvelles de lui. Nous comprenons que Mme Michaud a besoin d'un moment de recueillement : “Elle entra dans la chambre de Jean-Marie. Tout était silencieux, obscur, funèbre derrière les volets clos. Elle s'agenouilla un instant auprès de son lit, dit tout haut “Mon Dieu, protégez-le”, puis elle ferma la porte et descendit.”. Cette prière incarne à la fois l'espoir et le désespoir.

Le comportement rassurant et attentif de son mari montre une fois de plus qu'ils forment un couple solide. “Il l’enlaça étroitement” est un gestion d'affection dans un contexte de tristesse particulier.

Le couple cherche à fuir Paris au plus vite. Il était convenu qu'ils partent avec Corbin cependant il annonce que finalement il regrette mais il n'a pas de place pour les Michaud dans sa voiture. Il suggère une autre solution à la place : « Vous avez un train dans une heure. Vous serez peut-être un peu bousculés mais c'est un voyage si bref... »Une fois de plus, l'auteur utilise une aposiopèse pour mettre en valeur la lâcheté et le manque d’humanité, de solidarité des hommes dans cet état de guerre. Les gens agissent avec égoïsme et sont indifférents aux malheurs des autres.

michaud2Ce qui semble encore plus dramatique, c'est que dans ce contexte ahurissant, Corbin se permet en plus de faire des remarques désobligeantes au sujet du travail de Monsieur Michaud. La citation « il faudra vous montrer plus dynamique » est complètement déplacée mais souligne son manque de savoir vivre.

 

michaud3Le couple finit par rentrer dans « leur appartement frais ». On découvre alors un couple harmonieux qui possède un certain recul par rapport aux événements et qui est solidement uni par l’amour. Le traitement que leur réserve l’auteure est bienveillant.

Les Michaud essayent de prendre le train pour rejoindre Tours mais c'est impossible. C'est le chaos le plus complet. « Jamais ils ne purent pénétrer a l’intérieur dans la grande cour fermée, cadenassée, défendue par la troupe et par la foule pressée, écrasée, contre les barreaux. »

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Alors « tant pis » ils partent à pied Le trajet est de 230 kilomètres. La fin du chapitre 8 décrit de manière très réaliste l'exode. Les gens « attendaient le miracle : une voiture, un camion, n'importe quoi qui les emporteraient. »

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Chapitre 9

Dans le chapitre 9, nous retrouvons l’écrivain Gabriel Corte accompagné de sa maîtresse Arlette Corail. Tous deux ont quitte Paris en voiture afin de fuir l'invasion allemande. Ils sont aux portes d'Orleans, dans la nuit du 11 au 12 juin. Irène Némirovsky décrit l'exode, évoque l’inquiétude des réfugies sans oublier d'accentuer le cynisme de Gabriel Corte qui s'impatiente face à cette tension inhabituelle.

Au départ, Gabriel Corte par amour propre refuse une chambre minable d’hôtel. Il préfère dormir dans sa voiture plutôt que d’accepter « deux petites pièces chaudes sous les toits ». Il compare la chambre « à un piège à rats ». Plus loin, il explique qu'il ne pouvait pas dormir dans « cette infâme mansarde qui sentait la punaise et l’évier ». Ce comportement souligne deux aspects importants. Tout d'abord, il est tellement habitue au luxe et au confort qu'il ne peut envisager de changer de statut. Ensuite, son attitude impolie avec le gérant souligne son arrogance et sa condescendance. Ce qui est amusant, c'est qu'il essaye de faire faire jouer sa notoriété mais cela ne fonctionne pas. Il dit « Est-ce que vous avez qui je suis ? ». Cette interrogation directe vient heurter le directeur et choquer le lecteur. C'est un personnage obstiné, têtu, arrogant, prétentieux et mal élevé. Pour renforcer ce caractère négatif, l'auteur décrit ses mouvements brusques, comme le montre la citation suivante : « Il éclata d’un grand rire théâtral, glacé et méprisant » . Ce geste prouve qu'il est sarcastique. Il est aussi vulgaire et agressif quand il parle avec Florence « Fous le camp, allons fous le camp ! Je te jette dehors ! ». L'utilisation du langage familier montre aussi qu'il est irrité et incapable de gérer son sang froid.

corteLe chapitre 9 permet de bien comprendre comment s'organise l'exode. La métaphore « par la route de Paris coulait un fleuve lent d'autos, de camions, de voitures de charretiers, de bicyclettes auquel se mêlaient les attelages des paysans qui abandonnaient leurs fermes » souligne la fuite massive de la population française en mai-juin 1940 lorsque l'armée allemande envahit la majorité du territoire national lors de la fin de la bataille de France. Le livre offre une galerie de portraits. Tous ont en commun la volonté de quitter Paris. Bien qu'ils soient issus de milieux sociaux différents, tous essayent d’échapper aux bombardements.

Rappelons qu'en quelques semaines, près de huit millions de personnes s'enfuient du Nord vers le Sud de la France, emportant avec elles de maigres bagages. La détresse des hommes est comparable à des « bêtes qui attendent la mort ». Plusieurs fois dans ce chapitre, l'auteur évoque le thème de l'angoisse, de la peur de la mort en comparant les réfugiés avec des animaux. Citons les phrases suivantes : « elles étaient pressées les unes contre les autres comme des poissons pris dans une nasse ». Cette comparaison évoque ici l’idée de piège, d'absence d'issue et l'on retrouve plus loin cette même sensation d’insécurité dans la phrase suivante : « Ainsi le poisson pris dans les mailles du filet ». L'auteur analyse le chaos et l'errance qui règne en France à cette époque. Elle met en scène des personnages menacés par le désordre, le chaos, l’errance, la perte, mais qui tentent de «résister », de s’en sortir en prenant les chemins de l’exode. L'animalisation a pour but d'exprimer une extrême brutalité chez un personnage. En comparant un personnage à un animal, l'auteur le réduit au même niveau, sans lui donner des aptitudes à agir sur son destin.

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