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16 août 2019

Candide de Voltaire - éditions Larousse

IMG_20190816_203701_HDRChapitre 29

Nous approchons de la fin de l’œuvre. Rappelons que Candide a effectué un court séjour en France, puis l'Angleterre avant d'atteindre Venise. Il poursuit son voyage tout en enquêtant sur le sens de l'existence de l'homme. Candide ne s'estime pas aussi malheureux que Martin (manichéen) ou que Pococurante (qui à force de tout remettre en question n'a plus goût en rien et finit par traîner un ennui mortel et un dégoût généralisé). Candide est différent car la quête de Cunégonde donne un sens à sa vie. Son espoir guide ses déplacements. Son amour est sa boussole.
Les cinq protagonistes (Candide, le baron, Pangloss, Martin et Cacambo) arrivent sur le « rivage de la Propontide à la maison du prince de Transylvanie » (ligne 7).


Première partie : Les retrouvailles avec Cunegonde

Les cinq aventuriers tombent directement sur les deux femmes : Cunégonde et la vieille. Je cite : “les premiers objets qui se présentèrent furent Cunégonde et la vieille.” Soyons prudents avec l’interprétation du mot “objet” qui n'a ici pas de valeur péjorative. Ce nom commun désigne à l’époque ce qui s'offre  à la vue, ce qui se présente  à l'oeil. Les deux femmes sont occupées. Elles travaillent en tant qu'esclaves. Elles étendent “des serviettes sur des ficelles pour les faire secher.”(ligne 9). Le bonheur est rapidement brisé. En effet, le lecteur imagine une scène de retrouvailles heureuses toutefois ce scénario est interrompu par une situation réaliste. 

Candide est désigné comme “le tendre amant”. Au XVIII, il convient de préciser que le terme “amant” veut simplement dire la personne qui aime ou encore l'amoureux. Il constate que sa promise a horriblement changé. La description physique de Cunégonde ne correspond absolument plus à l'image de la femme qui incarnait la sensualité et le désir au début de l’œuvre. Voltaire utilise une succession d'adjectifs négatifs afin de montrer qu'elle n'incarne plus le portrait physique de la femme idéale. Elle est affreusement laide et inspire “l'horreur”. Nous comprenons qu'elle a beaucoup travaillé car elle a le teint “rembrunie”. Autrement dit, elle a passe énormément de temps au soleil si bien que sa peau n'est pas aussi pale que les belles dames du grand monde à l’époque. Ses yeux sont “éraillés” donc injectés de sang. Ses joues sont “ridées” et ses bras sont “rouges et écaillés » , ce qui suggère une fois de plus les longs moments passés à l’extérieur.

Candide est confronté  à la réalité de la situation. L'oxymore ligne 11 “sa belle Cunégonde...” souligne le décalage entre l’idée qu'il se faisait d'elle et la vision cruelle de son corps et de son visage. L'apparence physique est bien détaillée grâce à la présence de nombreux détails anatomiques.


Deuxième partie : l’évolution de Candide

Candide les embrasse par politesse et la phrase “Candide les racheta toutes deux” montre que Candide a payé la rançon des deux femmes afin de leur rendre la liberté. Nous savons que le voyage de Candide a été rythmé par la volonté de retrouver sa promise. Le désir de la revoir enfin mais celle pour qui il a vécu tant de rebondissements et traversé tant de pays est devenue laide, repoussante, disgracieuse.  Mais Candide, fidèle à sa promesse et  à  ses sentiments fait preuve de politesse. Après un premier mouvement de surprise, “il avança ensuite par bon procédé”, ce qui signifie qu'il prend les devants avec politesse, s'approche d'elle en montrant ses bonnes manières. On peut dire que d'une certaine façon son rêve s’écroule car il se résout à l’épouser que pour tenir “ses promesses.” Le bonheur pour Candide, c’était de vivre dans l'illusion pour une femme qu'il imaginait. Mais aujourd'hui, elle ne correspond pas ou plus à l'image pure et parfaite qu'il se faisait d'elle.


Toutefois, tout n'est pas si négatif. En depit de sa répulsion, Candide souhaite toujours épouser Cunegonde. Cela veut dire qu'il est prêt à accepter une nouvelle réalité. Il se lance en dépit du refus du baron. Son frère, le baron, s’y oppose à nouveau, refusant à tout prix qu’elle s’unisse à un roturier. Il fait part de son projet au baron qui une fois de plus n'est pas d'accord. Selon lui, elle ne peut que se marier avec un noble. Le baron reste sur sa décision. Il est ferme, stricte, catégorique.

Candide n'est plus le jeune homme sage et docile. Il s'affirme, fait preuve de caractère. Il est devenu mur et est désormais capable de tenir tête et se permet même de tutoyer le baron : “Je te retuerais si j'en croyais ma colère.”Le rapport de supériorité a changé. Les rôles sont inversé s faisant ainsi tomber les barrières sociales.

Mais le baron est obstine et têtu. Il rétorque : “Tu peux me tuer encore, dit le baron, mais tu n’épouseras pas ma sœur de mon vivant.”Voltaire, a travers cette citation, cherche a critiquer la noblesse. Nous savons que le baron n'a plus le sou, il est devenu un galérien pauvre, dépendant et asservi. Mais il s'acharne et refuse catégoriquement ce mariage aux noms de règles conventionnelles. Ce conservatisme est caractéristique de la bourgeoisie française qui s'accroche à ses privilèges. Il se montre inflexible.  Or, celui qui possède les fonds, c'est Candide et parce qu'il est riche, il peut prétendre demander la main de sa dulcinée. Il appuie son autorité sur son pouvoir économique.

En conclusion, dans ce chapitre Voltaire traite de la superficialité des sentiments en les remettant en question. L'avant dernier chapitre est marqué par la désillusion de Candide. Il a tellement espéré ces retrouvailles or Cunegonde apparaît a la fin comme une créature qui ne présente plus d’intérêt. Son idéal est détruit. Le rêve ne correspond plus à la réalité. Mais là n'est pas l'important puisqu'il souhaite toujours l’épouser. Il accepte et souhaite démarrer une vie plus modeste, mais aussi plus vraie. Candide se sent aussi plus fort et plus puissant. Il considère qu'il n'a plus a subir l’autorité du baron. La question du renversement du pouvoir est intéressante dans la mesure ou elle transforme la condition sociale du personnage principal et ses relations aux autres.

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