Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Après avoir lu
Visiteurs
Depuis la création 223 336
Publicité
Archives
Newsletter
16 juillet 2019

Candide de Voltaire - éditions Larousse

maxresdefaultChapitre 19

Candide et Cacambo quittent le pays d'Eldorado. La fin du chapitre 18 indique la volonté de Candide de poursuivre le voyage. L'utilisation du futur ligne 169 “nous verrons ensuite quel royaume nous pourrons acheter” montre ses espoirs et son déterminisme. Candide est guidé par l'amour.

Cependant, le voyage au Surinam va être un choc brutal. Voltaire introduit de nouveau une transition, un rebondissement en nous plongeant dans la réalité du mal. Le chapitre 19 en effet traite du thème de l'esclavage et fait référence au traitement des noirs en 1685. Rappelons que les esclaves étaient considérés comme des biens et non des personnes. On leur a ôté la liberté et ils vivaient sous l'emprise et la dépendance absolue de négociants qui agissaient sans scrupules.

Première partie : en route vers le Surinam

Les quatre premières lignes décrivent des conditions de voyage agréables, plaisantes, douces. Candide est léger, insouciant, “transporté”. On le voit amoureux, optimiste, enfantin “puisqu'il écrivit le nom de Cunégonde sur les arbres.” Cependant, très vite, l’épisode narratif va plonger le lecteur dans une réalité inquiétante et plutôt pessimiste. On remarque plusieurs termes qui soulignent les difficultés du périple tels que « s’enfoncèrent », « abîmes », « moururent de fatigue » « périrent », « tombèrent ». Candide se rend compte aussi que les richesse de l'Eldorado sont « périssables ». Autrement dit, Voltaire sous-entend que le côté matériel est éphémère, peu solide. Les richesses sont artificielles. Seuls comptent les sentiments tels que « la vertu et le bonheur de revoir Mlle Cunégonde. »

Deuxième partie : introduction générale sur l'esclavage

Le choc de la rencontre est tout de suite souligné par la position du nègre. Est-il debout ? Non il est « étendu par terre. » Ce rapport physique entre Candide et le nègre est symbolique. En effet, Candide incarne l'homme supérieur, libre de ses mouvements alors qu'à l'opposé le nègre est immobile et soumis.

L'homme est non seulement par terre mais il se trouve dans un état de pauvreté importante. Les détails vestimentaires de son apparence montrent qu'il ne portait que « la moitié de son habit. »Nous comprenons qu'il a également souffert de maltraitance et de mutilation car il lui manquait « la jambe gauche et la main droite. » Cette description donnée de manière brutale vise à susciter la pitié du lecteur et permet à Voltaire de dénoncer la barbarie des traitements subis. L'adjectif « pauvre » homme est intéressant car il a une double valeur. L'homme est « pauvre » d'un point de vue matériel et « pauvre » d'un point de vue affectif car comme Candide nous sommes choqués par cet état de soumissions dans lequel vit le nègre. Canidide est horrifié de ce qu'il voit et l'utilisation du point d'exclamation et du point d'interrogation soulignent son indignation : « Eh, mon Dieu ! Lui dit Candide en hollandais, que fais-tu la, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ? »

L'esclave utilise un ton de soumission « J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant ». L'utilisation de l'adjectif fameux a un double sens. (Fameux= célèbre qui a une bonne réputation mais le deuxième sens est négatif. S'il est « fameux », c'est pour sa cruauté. Le nègre nous apparaît comme un personnage docile, soumis, résigné. L’allitération en « d » souligne le côté cruel de l'homme. Candide, naïf interroge le nègre sur les raisons de son état. Nous remarquons que le discours du nègre est calme. Il utilise des explications claires afin de renforcer l’idée qu'il y a une acceptation de l'esclavage mais en fait c'est un procédé d'ironie de Voltaire.

Troisième partie : un constat ironique

Candide, naïf interroge le nègre sur les raisons de son état. Il répond que c'est « l'usage ». La justification désigne une logique d'habitude a laquelle le nègre ne semble pas s'offusquer, C'est la tradition, c'est normal. C'est comme ça et pas autrement. Or, le discours du nègre décrit des conditions de travail inadmissibles et cruelles. Je cite : « Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas.” L'utilisation du présent de vérité est mis en valeur et on a l'impression que l'on se détache de l'horreur mais en fait on la met en évidence. Voltaire utilise le vocabulaire de l'horreur pour parler de l'inhumanité des traitements. La phrase : “C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe.” montre qu'on exploite la souffrance des esclaves pour satisfaire le plaisir de quelques privilegiés.

Le discours de la mère montre que L'inacceptable est accepté que l’injustifiable est justifié. La mère vendit son enfant, ce marché montre l'absence d'autonomie, de liberté et d’indépendance. Cependant, le nègre finit par conclure que “Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous.” L'hyperbole “mille fois moins malheureux que nous.” souligne l’état de dégradation de l'homme puisqu’il est moins bien traité qu'un animal.

Quatrième partie : la réaction de Candide vise à dénoncer l'optimisme

Le discours du nègre provoque une réaction de colère chez Candide. Pour la première fois, il rejette fermement les enseignements de Pangloss. L'utilisation du mot “abomination” est une exclamation pleine de reproche. “Ton optimisme” souligne qu'il ait face à la désillusion. L'adjectif possessif “ton” a une valeur méprisante et péjorative. Il en veut à Pangloss. L'adverbe “hélas” met en valeur sa détresse. Il est tellement triste “qu'il en versait des larmes”. D'un côté, il y a sa déclaration via ses mots mais de l'autre côté la manifestation physique de sa peine souligne sa nature sensible et compatissante. Il est indigne et révolté et ce constat permet de dénoncer le ridicule de l'optimisme et ce chapitre est donc une étape décisive dans l’évolution du héros.

En conclusion, dans ce chapitre plusieurs tons se mélangent : l'ironie et le pathétique mais l'ironie l'emporte car elle permet de dénoncer l' esclavage et le doute de l'optimisme.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité