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16 juillet 2019

Candide de Voltaire - éditions Larousse

imagesChapitre 17

Dans ce conte philosophique, Candide parcourt le monde tout en souffrant de sa séparation avec Cunégonde, L’arrivée de Candide en Amérique latine est une désillusion. Pour cette raison, Cacambo, son compagnon de route, suggère de quitter ce continent. Ligne quatre, il utilise l’impératif et déclare : « Croyez-moi, retournons en Europe par le plus court. » Cependant, ce changement de cap est inenvisageable pour Candide car il déclare : «  Mais comment se résoudre à quitter la partie du monde que Mlle Cunégonde habite ? ». Cette interrogation souligne son amour immense. Le chapitre 17 réunit tous les ingrédients du roman d'aventure. Analysons maintenant les trois parties.

Première partie : le départ pour l'inconnu (ligne 10 à 27)

Cacambo prend donc les choses en main et propose de poursuivre le voyage vers la Cayenne (colonie française du nord de l’Amérique du sud). L'utilisation de l’impératif « tournons » ligne 10 montre qu'il est celui qui prend des initiatives. Il dirige les opérations et son optimisme le conduit à utiliser le futur : « nous y trouverons des Français qui vont par le monde ; ils pourront nous aider. » Autrement dit, il analyse la situation et prend des décisions en dépit de leur état de fatigue. Ligne seize et dix-sept, nous comprenons que les deux voyageurs sont épuisés car « leurs provisions furent consumées » et « leurs chevaux moururent de fatigue. »

Malgré les difficultés, Cacambo reste positif et enthousiaste. Cacambo est un valet débrouillard. Voltaire compare Cacambo a la vieille car les deux personnages ont beaucoup d’expérience et sont par conséquence en mesure de donner de « bons conseils » (ligne 21). Cacambo aperçoit « un canot sur le rivage » et donne des ordres à Candide afin qu'ils puissent poursuivre l'aventure. Analysons ses consignes :

« Emplissons-le de cocos » : Cacambo est prévoyant, vigilant et bien organisé. Ils prévoient ainsi de se nourrir et éviter de mourir de faim.

« jetons-nous dans cette petite barque » : il a le goût de l'aventure et il est optimiste.

« laissons-nous aller au courant » : il est prêt à sauter dans l'inconnu.

« Si nous ne trouvons pas des choses agréables, nous trouverons du moins des choses nouvelles » : Cacambo a soif de curiosité et il est attire par la nouveauté.

Les deux héros s'en remettent à la providence, autrement dit nous verrons bien comment Dieu agira en tant qu'ordonnateur de toutes les choses. Toutefois, Cacambo contraste avec son maître. Le valet donne des ordres et Candide nous apparaît comme un personnage docile et immobile.

Deuxième partie : la descente périlleuse en canot (ligne 28 à 36)

Cacambo propose de tenter l'aventure en descendant une rivière en canot. Cependant, dans ce passage, Voltaire souligne le pouvoir de la nature sur l'homme car les éléments naturels sont incontrôlables. Ils se déchaînent. La rivière se transforme en « fleuve » ligne 32 et l'horreur est soulignée par l’allitération en r : « Le fleuve, resserré en cet endroit, les porta avec une rapidité et un bruit horrible. » La descente s’achève d'une façon dramatique. Le canot est brisé. L’allitération en c souligne la force du choc : «  leur canot se fracasse contre les écueils ». Les deux héros sont impuissants et ne s'attendent pas à arriver dans un paradis.

Troisième partie : l’arrivée dans une contrée fabuleuse (ligne 36 a

L'utilisation de l'adverbe « enfin » ligne 36 marque une rupture. Les deux voyageurs viennent de frôler la mort et découvrent maintenant le pays d'Eldorado (comme annoncé dans le chapeau). Voltaire va ici faire la description d'un pays merveilleux, tellement beau que cet endroit paraît irréel, utopique.

Les caractéristiques de l'Eldorado

Les paysages sont magnifiques et uniques : « un horizon immense », « le pays était cultivé pour le plaisir », « beauté singulière », « matière brillante ». Voltaire multiplie l'usage des adjectifs pour montrer que l'Eldorado est un pays de lumière et de liberté. Citons les détails de cet endroit paradisiaque :

  • Les enfants jouent avec de l'or. (ligne 51)

  • Les maisons sont excessivement luxueuses : elles sont "bâties comme des palais d'Europe". (ligne 69)

  • Plaisir des sens : "musique très agréable" => plaisir de l'ouïe, l'écoute est agréable. (ligne 71)

  • "odeur délicieuse" => plaisir de l'odorat également. (ligne 72)

  • "ragoûts exquis, pâtisseries délicieuses" => plaisir du goût. (ligne 83)

  • Les vêtements indiquent la richesse du peuple, même ceux des enfants : ils sont "vêtus de draps d'or". (ligne 77)=> plaisir de la vue.

  • L'abondance : le repas est pantagruélique : les plats sont nombreux, et tous exotiques : pour Candide, l'exotisme représente une luxe. ( ligne 80)

  • Les récipients même indiquent la richesse du village : ils sont faits dans "un espèce de cristal de roche". (ligne 84)

  • Extrême politesse et discrétion de la part des commerçants et des voituriers présents dans l'auberge (dans le monde de Candide, les voituriers sont les moins polis de tous). (ligne 86 et 87)

  • Cette impression de grande richesse est encore accentuée par la gratuité : le gouvernement offre la nourriture aux habitants et aux étrangers, (ligne 100)

Voltaire fournit absolument tout ce qui constitue un monde idéal : les gens sont heureux, riches et tout le monde s'entend bien. C'est un monde dans lequel règnent le luxe et la richesse, c'est un monde de plaisir et de bonheur où les gens font preuve de politesse et de savoir-vivre. Ce monde idéal émerveille Candide et Cacambo qui ne croient pas ce qu'ils voient. Mais cette incrédulité est aussi celle du lecteur, car Voltaire force les traits de l'utopie à dessein.   Ce monde idéal nous est présenté avec ironie par Voltaire: ce pays est absolument merveilleux, tout le monde y est heureux, mais il n'existe pas. Voltaire nous rappelle en quoi consistent nos rêves. Il dénonce l'utopie, et avec l'utopie, il dénonce le rêve : il faut être réaliste, arrêter de rêver.

Chapitre 18

Le chapitre 18, de par la place qu'il occupe au centre du roman joue un rôle capital dan l’évolution du personnage de Candide. Nous pouvons diviser ce chapitre en quatre parties.

Première partie : la description d'Eldorado par le vieillard

L'Edorado est décrit par un vieillard qui est « le plus savant homme homme du royaume et le pus communicatif. » La description de sa « maison fort simple » est complètement ironique car le logement est luxueux. La vaisselle utilisée « vases de diamants » est un signe de richesse.

Le vieillard raconte l'histoire de son pays. Au cours de cette longue conversation, le vieillard indiqua des informations sur : « la forme du gouvernement, sur les mœurs, sur les femmes, sur les spectacles publics, sur les arts. » Au sujet de la religion, le vieillard précise que les habitants font preuve de gratitude envers Dieu : «  nous le remercions sans cesse. » Candide, naïf a du mal à comprendre le fonctionnement de ce pays et pose la question suivante : «  - Quoi ! Vous n'avez point de moines qui enseignent, qui disputent, qui gouvernent, qui cabalent, et qui font brûler les gens qui ne sont pas de leur avis ? » Candide a le sentiment d'avoir découvert : « ce qu'il y avait de mieux sur la terre. »

Deuxième partie : ce qu'ils virent dans le pays d'Eldorado

  • Un monde démesuré : Dans cette première partie, l'utilisation des pluriels et des adjectifs de grandeur nous présente un monde démesuré. Tout est énorme, très grand. Ils vont d’étonnement en entonnement. Pour mettre en valeur cette exagération, Voltaire utilise l'hyperbole. C'est une figure de style qui consiste à amplifier une situation.    Exagérationdes chiffres, « 220 pieds de haut », « jusqu’aux nues », « mille colonnes », « deux mille pas »

  • Un monde parfait : De nombreux termes mélioratifs soulignent la perfection du pays et font de lui le meilleur des mondes : « belles filles », « grâce inimaginable » ; mœurs policées : « poliment » ; pureté et abondance : « eau pure », « toute pleine ».

  • Enchantement des sens : odeurs agréables « une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle », « liqueur de canne de sucre » ; musique : « mille musiciens selon l’usage ordinaire ».

Cet univers imaginaire et parfait correspond bien à la définition de l’utopie. Autrement dit, c’est un pays qui n’existe pas, où tout est parfait. C'est un pays imaginaire où un régime politique idéal gouverne un peuple heureux.

Troisième partie : Un modèle architectural idéal

  • Description d’une ville parfaite : Voltaire evoque la facilité des transports (les moutons volants !), ainsi que la salubrité publique avec la présence de bains publics. Les édifices publiques sont majestueux, il y a des marchés et des grandes places, des fontaines à la fois belles et utiles.
    Voltaire décrit un urbanisme parfait pour une ville où il fait bon vivre !

  • Une société particulièrement hospitalière.

  Des citoyens accueillants : les habitants font preuve d'hospitalité et de générosité : « reçurent », « les conduisirent », « les vêtirent », « poliment », « à souper », « grâce inimaginable ».

Quatrième partie : Un monde en paix 

  Absence de tribunal, de parlement et de prison,  marquée par de nombreuses négations : « il n’y en avait point », « on ne plaidait jamais », « on lui dit que non ». De façon implicite Voltaire suggère l’absence de violence et de délits.

  L’égalité des sexes est suggérée par la présence de femmes dans certains corps classiquement réservés aux hommes : « vingt belles filles de la garde », « les grands officiers et les grandes officières de la couronne ».

Voltaire nous offre la description d’un monde exemplaire. Mais l’utopie sert à développer une critique, a savoir la monarchie absolue des rois de France, la tyrannie insupportable.

De plus nous pouvons dire que Voltaire critique l’urbanisme anarchique parisien, par la mise en avant de la propreté de la ville d’Eldorado qui contraste évidemment avec la saleté des villes européennes.

En conclusion, L'Eldorado représente un pays idéal, merveilleux, parfait, incroyable, splendide et pour cela Voltaire définit différentes caractéristiques pour faire de ce lieu un modèle architectural parfait. Comment fonctionne cette ville ? Que savons-nous sur le comportement de ses citoyens ? Qu'en est-il des entités administratives ? Pourquoi Voltaire consacre t-il deux chapitres à la description de ce monde féerique ?

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