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18 juin 2019

Un brillant avenir de Catherine Cusset – éditions Gallimard

 

IMG_20190602_194805_HDRElena est une jeune roumaine née en Bessarabie et ballotée par l'histoire. En 1958, elle rencontre Jacob, un juif dont elle tombe amoureuse. Ses parents s'opposent fermement à cette union car ils pensent qu'un jour Jacob souhaitera vivre en Israël. Par conséquence, ils s'interrogent :  quelle sera la place de leur fille dans un pays dont elle ne parle pas la langue et ne partage pas la religion ?

Elena finit tout de même par épouser Jacob et tout deux vont décider de fuir la Roumanie afin d’échapper à la dictature de Ceaucescu et émigrer aux Etats-Unis en passant par les services d'immigration de l'Italie.

Elena devient donc Helen, une citoyenne américaine qui a rompu avec le passé. En Novembre 1989, dans son appartement de Manhattan, Helen écoute ahurie les informations présentées par une commentatrice de CNN. Elle comprend alors que le dictateur Ceaușescu commence à devenir incapable de contrôler son peuple. La révolution a commencé à Bucarest. Les policiers massacrent à  coups de matraque et tirent. Les forces de la sécurité passent du côté des protestataires. Le ministre de la défense se suicide. C'est le chaos le plus total.

Un an plus tard, en 1990, Helen a beaucoup de difficultés à accepter la relation de son fils Alexandru qui a épousé Marie, une française en dépit de l'opposition de ses parents. Helen s'interroge et offre un tableau sombre sur la notion d’intégration des étrangers en France. Page 84, elle se pose la question suivante : «  Que peut-on faire en France si l'on n'est pas français ? La France est un pays fermé et élitiste. Si vous n’êtes pas né français, si vous ne parlez pas couramment la langue sans une pointe d'accent, si vous n’êtes pas allé à l’école en France, ce pays ne vous offre pas ses portes, même si vous êtes l'homme le plus intelligent de la terre» Remarquons ici que l'utilisation du présent de vérité offre un verdict sans appel. Cette inquiétude maternelle entraîne une autre réflexion sur leur propre vie : « Pourquoi ont-ils quitté la Roumanie et émigré aux Etats-Unis, pourquoi ont-ils passé leur vie à travailler, sinon pour lui donner le meilleur avenir ? » Comment évoluera la relation entre ces deux femmes que tout oppose ?

J'ai principalement apprécié ce livre pour son caractère historique (car j'aime beaucoup ce pays) plus que l'intrigue elle-même. Ce récit d’exilés permet en effet de se replonger dans le mouvement contestataire qui a eu lieu à Timisoara en 1989 pour ensuite s’étendre à Bucarest. Le livre dénonce au passage les pratiques des membres haut placés du Parti communiste de l’époque. Les vols d’état d'appartements existaient et plongeaient les citoyens dans l’impuissance,  la peur et la volonté de fuir.

Ce roman évoque aussi les cicatrices indélébiles imprimées dans le comportement des roumains qui ont connu l'enfer de la dictature. Marie observe sa belle-mère et déclare : « On dirait que l’intimité lui fait peur. » Ce à quoi son mari répond : « C'est bien possible. En Roumanie, elle a passé trente-cinq ans sur ses gardes. Il y avait de la trahison partout ».  

Ce roman oscille entre le passé et le présent et aborde les thèmes suivants : l’intégration sociale, les jugements des parents,  les malentendus dans les relations humaines. Il y a de très beaux passages qui donnent à réfléchir mais j'ai trouvé que le livre comportait aussi quelques longueurs.

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