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11 mai 2019

Dans les prairies étoilées de Marie-Sabine Roger – éditions Babel

IMG_20190426_122207_HDRA bientôt cinquante-huit ans, Merlin est un homme heureux. Après six mois de recherche, il vient de trouver la maison de ses rêves promettant de belles saisons de bonheur aux côtés de sa compagne Prune. Au sein de cette ancienne ferme bâtie tout en longueur avec des dépendances aménageables, Merlin envisage sereinement de pouvoir exercer son métier de dessinateur documentariste et illustrateur BD à ses heures perdues.

Pune, débordante d'imagination et d'envies prend contact avec des artisans et commence les premiers travaux de rénovation dans leur nouvelle maison de campagne.

Tout va pour le mieux jusqu'au jour où Merlin apprend une terrible nouvelle : le décès de son meilleur ami Laurent qui depuis toujours avait été sa source d'inspiration pour le personnage principal de sa BD Wild Oregon. La disparition de Laurent plonge Merlin dans une peine immense, entre le vide et le manque. Page cinquante-quatre, Marie-Sabine Roger écrit :


« L'ami qui part, ou l'amant, ou l'enfant, c'est toute une saison de la vie qui s’achève et jamais plus ne reviendra. Il nous faut accepter ces puits creuséà vif dans la chair des mémoires, nous asseoir sur le bord un instant et pleurer, puis repartir , laissant derrière nous des paysages effacés a jamais et qui ne vivront plus que dans nos souvenirs. »

Avant son décès, Laurent a pris le temps d’écrire une lettre à son fidèle ami Merlin dans laquelle il lui demande un service : il aimerait que Jim (le personnage principal de la BD Wild Oregon) réussisse dans sa vie ce qu'il a le mieux raté dans la sienne, qu'il y ait quelque part dans les mondes inventés de la création une femme amoureuse qui le pleure. Peut-on demander ou imposer à un illustrateur libre et indépendant de travailler sous une certaine forme de contrainte ?

Ce livre rend hommage aux amis qui quittent le quai de la vie. Laurent, bien qu'il soit décédé est un personnage célébré à travers des anecdotes, ses goûts (pour le whisky et les vieux outils de menuiserie) ou des détails sur les traits de sa personnalité. J'ai beaucoup aimé le personnage de Prune pour sa manière d’inventer des mots et sa façon très personnelle d’écrire quand elle envoie des messages à Merlin (elle n'utilise jamais d'espaces entre les mots).

J'ai été assez surprise par la tournure de ce livre car au départ je m'attendais à en savoir plus sur la complicité qui existe entre Merlin et Prune mais il s'agit finalement plus de ce qui se passe dans l'esprit d'une personne qui écrit des scénarios. Comment plonge t-il dans le domaine de l'imagination ? Quelles sont ses sources d’inspirations ? Comment gère t-il l'angoisse à la sortie de chaque album ?  A quoi ressemble le monde de la création ? Quels rapports entretient-il avec ses lecteurs ?

Avant l'enterrement de Laurent,  un groupe d'amis proche s 'est  retrouvé dans le bar de l'Etna du village et j'ai été très touchée par la description de ce troquet avant l’ère prénumérique. J'ai compris leur besoin de se réunir avant et de boire quelques verres afin de faire face ensemble à la douleur.

J'ai adoré les scénarios imaginaires très drôles qui rythment les pensées du narrateur, en italiques dans le texte car cela donne de la vie au récit.

Ce livre parle du deuil, des sentiments de ceux qui restent quand un proche part définitivement.  Cependant,  l'auteur à sa manière et avec ses doux mots, atténue le chagrin quand elle dit :

« Les morts ne sont pas tristes, il n'y a pas de raison que les vivants le soient. »

Du même auteur, je recommande vivement « La tête en friche » et « Les encombrants » (http://apresavoirlu.canalblog.com/archives/2015/02/23/31590500.html) et « Le ciel est immense ».

 

 

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