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9 mars 2019

Candide de Voltaire - éditions Larousse

IMG_20190309_110710_HDRAu cours de ce deuxième trimestre, mes élèves de première découvrent un classique de la littérature française du XVIII siècle,  à savoir  Candide de Voltaire. Après l’étude de Kiffe Kiffe demain rédigé par Faiza Guène et publié en 2004, nous effectuons un bond dans le temps en nous plongeant dans un registre de texte argumentatif écrit en 1759. Candide porte plus précisément l’étiquette de conte philosophique. J’appréhendais un peu l’étude de ce texte mais finalement après la consultation de nombreuses ressources pédagogiques et un brin de volonté et d’enthousiasme, on s’aperçoit que l'on peut surmonter ses craintes. Essayer de rendre accessible ce qui aux premiers abords peut sembler complexe.

Chapitre 1

Tout d'abord, commençons par évoquer la fonction du chapeau sous la mention du chapitre 1. « Comment Candide fut élevé dans un beau château et comment il fut chassé d'icelui ». Ce sous-titre nous annonce d’emblée l'intrigue car le lecteur se pose les questions suivantes : Qui est Candide ? Pour quels motifs a-t-il été renvoyé du château ?

L'incipit (le début du livre) démarre avec la formule « Il y avait » ce qui nous fait penser à un conte de fées. Or, nous savons que Candide écrit au XVIII  siècle est un conte philosophique dont le but est de nous faire réfléchir sur des thèmes fondamentaux : le sens de la vie, la mort, la religion, la liberté...

Dès le début du premier chapitre, nous faisons connaissance avec le personnage principal : Candide. Rappelons au passage que “Candide” est un adjectif qui signifie exprimer de la candeur, autrement dit être  ingénu, innocent, naïf, pur, simple.

Candide est un enfant illégitime. Il est en effet le fils “de la sœur de M. le baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage”. On peut imaginer que “les anciens domestiques” du château étaient au courant de cette liaison et qu'ils ont été ensuite congédiés car Voltaire utilise l'adjectif “ancien”.
De plus, on remarque que Voltaire fait une satire sociale de la noblesse car la sœur du baron “ne voulut jamais épouser “ le père de Candide car il n'appartenait pas au même rang social qu'elle. Voltaire laisse entendre que le monde des apparences est bien plus important que la réalité des sentiments. Les véritables valeurs humaines ne pèsent pas lourd.

Parlons maintenant du cadre. L'histoire se passe en Westphalie. Il s'agit d'une région en Allemagne. Voltaire utilise ici donc un élément de réalité dans ce monde qui semble imaginaire.

Il est intéressant d'analyser le nom du château : Thunder-ten-tronck. L’allitération en T est comique et ce mot complètement inventé par Voltaire vient ridiculiser son propriétaire. En effet, la description du château est très simple et sommaire. Il n'y a pas de ponts, ni de donjons, ni de douves. Le fait de nous en dire très peu nous donne l'impression qu'il n'y a absolument rien a l’intérieur. Aucune description ne mentionne les meubles, les pièces, les décorations. Nous savons simplement qu'il « y avait une porte et des fenêtres ». De plus, nous apprenons dans ce chapitre que le baron dispose de peu de moyens financiers car il fait des économies sur son personnel « ses palefreniers étaient ses piqueurs », la meute de chiens « était dans le besoin » et toute l’année ils mangeait « du porc ». Voltaire laisse ainsi entendre que les personnages vivent dans l'illusion de leur statut social.

Dans ce chapitre, Voltaire poursuit en écrivant des portraits à charge. Il s'agit de présentations négatives des personnages dans le but de se moquer de la noblesse et de les ridiculiser. En effet, on se demande pourquoi le baron est il « un des plus puissants seigneurs de la Westphalie » ? La réponse est très fragile et superficielle. La baron est fort « car son château avait une porte et des fenêtres ». Nous remarquons ici le côté ridicule de la justification.

Poursuivons avec le baronne dont le portrait est très mesurable. Nous imaginons une femme laide et peu intelligente car aucune référence ne fait mention de ses aptitudes. Nous savons simplement qu'elle «  pesait environ trois cent cinquante livres. »

Cunégonde, la fille du baron et de la baronne est décrite de manière très expéditive. Voltaire utilise une succession d'adjectifs pour la présenter. Elle était « haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. » En général, nous utilisons ces termes pour décrire une dinde ou de la volaille. Ces connotations péjoratives déshumanisent Cunegonde et la présente comme une figure inspirant le désir et la sensualité.

Le fils du baron est présenté de manière très succincte dans la mesure ou nous savons simplement qu'il « était en tout digne de son père. »

Poursuivons maintenant avec Pangloss. Ce drôle de personnage est le précepteur de Candide. Il est l’autorité philosophique du château. L'ethymologie de son nom signifie celui qui veut dire tout sur tout. Il porte un nom ridicule, pédant et le nom de sa matière est complètement inventée par Voltaire. Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie. Ce nom à  rallonge comporte des syllabes inutiles. Voltaire crée ce mot pour rendre la matière plus pompeuse, plus complexe, plus impressionnante mais nous allons finalement voir plus loin que les raisonnements du maitre manquent de logique et de sens. Le mot “nigologie” est comique car l'adjectif nigaud signifie idiot, bête, stupide.

A partir de la ligne 31, nous pouvons lire le discours direct qui apparaît entre guillemets. Ce discours est un amphigouri : c'est à dire qu'on a l'impression qu'il est complexe, obscur, difficile à comprendre car il comporte des tournures sophistiquées cependant il n'est pas pertinent. En effet, Pangloss se trompe toujours dans ses chaînes causales puisqu'il inverse la cause et l'effet : “Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes” or nous savons que non, que les lunettes sont faites pour s'adapter au nez. Pangloss choisit mal ses exemples. Il ne fait pas preuve de raisonnement ni de logique. Voltaire se moque de manière ironique de ses compétences en utilisant l'adverbe “admirablement” dans la phrase “il prouvait admirablement qu'il n'y  a point d'effet sans cause.”

A la fin du chapitre 1, nous apprenons que Candide est chassé du château car il a embrassé Cunégonde. On comprend que Candide n'a pas choisi de partir, il subit la décision de M. le baron. L’intrigue est donc mise en place car nous nous demandons ce que va faire Candide.

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