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27 janvier 2019

La plus belle précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg – éditions du Seuil

photoIl était une fois une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron qui vivaient dans une forêt très froide, quelque part dans un pays à l'est de l'Europe. Dans leur bois, le couple était saisi par le froid, la faim. La guerre à cette époque  faisait ses ravages. L'homme et la femme avaient beau travailler dur, leurs efforts apportaient de bien maigres récompenses.

La pauvre bûcheronne se lamentait de ne pas avoir d'enfants à nourrir, chérir, aimer alors que son mari remerciait le ciel de cette grâce. Depuis peu, un train passait dans le bois. Pauvre bûcheronne qui menait une vie sans distractions s'imaginait voyager elle aussi, s’arrachant à la faim qui lui tordait l'estomac, le froid qui lui piquait les mains et la solitude qui lui brisait le cœur. Voir ce train de marchandises traverser les paysages devient une activité qui se transforma en exaltation puis en espoir…

A bord de ce train, il y avait un jour une famille juive composée des parents et de leurs jumeaux : Henri et Rose. Nous sommes en février 1943 et le père de famille s'interroge, se demandant quel pays serait prêt à les accueillir ? Quel endroit du monde voudrait d'eux ?

Contraints et forces de monter à bord du wagon à bestiaux, le père comprend vite que sa femme n'aura bientôt plus assez de lait pour subvenir aux besoins de ses deux petits. Alors, il fait ce qui semble improbable. Il essaye de ne pas choisir entre la fille le garçon et passe un des deux par la lucarne du train, alors emmitouflé dans un châle de prière. Un geste fou qui relève à la fois de l'amour et du désespoir... L'enfant sera t-il sauvé ?

Ce livre est un conte, autrement c'est un récit court qui présente des faits avec une formule d'ouverture (« Il était une fois... », « Il y a bien longtemps... »), et se termine (normalement) par une formule de clôture « et ils vécurent heureux avec leurs enfants pour ne plus se séparer... »). Le conte a pour but de nous divertir et de nous faire retenir une morale.

Sauf que ...dans ce livre, Jean-Claude Grumberg parle des thèmes de la déportation et de la shoah en utilisant une histoire que l'on pourrait raconter aux enfants, aux collégiens, aux lycéens. L'auteur perturbe ainsi le lecteur en bousculant les codes de l’écriture. En effet, l'histoire démarre de manière assez bucolique avec un style narratif assez enfantin, simple cependant nous ne sommes pas pas dupes...Nous comprenons vite la terrible réalité de la situation. Ce livre rappelle que l'inconcevable a été non seulement conçu mais exécuté.

Pourtant dans l’épilogue, l'auteur conclue en disant que « rien, rien n'est vrai ». Je me suis interrogée sur ce choix. J'ai vu à travers cette conclusion un clin d’œil au négationnisme, à tous ceux qui doutent des faits historiques malgré la présence de preuves flagrantes rapportés par les témoignages, et ce à des fins racistes ou politiques.

L'auteur a choisi la forme du conte pour nous rappeler au devoir de mémoire. Un conte très réussi, un conte qui devrait figurer au programme de tous les établissements scolaires.

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Commentaires
F
Ça donne envie de le lire !
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