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8 décembre 2018

Les amandes amères de Laurence Cossé – éditions Folio

IMG_20181206_115454_HDREdith et Gilles vivent dans un bel appartement dans le quinzième arrondissement de Paris. Edith est traductrice de romans. Un jour, elle découvre au mois de mars que Fadila, leur femme de ménage ne sait ni lire ni écrire. Son niveau de français à l'oral est également compréhensible mais semé de fautes, notamment de conjugaison et plein d’élisions non habituelles.

Edith, pleine de bonne volonté et d'enthousiasme propose donc d'apprendre à Fadila, femme âgée d'origine marocaine de lui apprendre à lire et à écrire afin qu'elle puisse devenir autonome, qu'elle soit capable de lire les courriers de la banque, de lire un plan de métro ou encore de reconnaître le prénom de son fils sur l’écran de son téléphone portable quand celui-ci l'appelle.

Edith n'a aucune expérience dans le monde de l'enseignement. Elle passe donc des heures sur internet à essayer de comprendre la différence entre « illettré » et « analphabète ». Quelqu'un qui n'a jamais appris ni à lire ni à écrire est analphabète. Un illettré a appris puis oublié.

Edith est à la recherche de la bonne méthode, celle qui pourrait s'adapter à une femme qui n'est jamais allée à l’école auparavant. Au départ, Fadila fait quelques efforts mais au bout de deux semaines, Edith revoit ses ambitions à la baisse. Lors de leurs séances de travail, Edith essaye d’être précise dans ses explications mais peut parfois aussi faire preuve de maladresse et de lassitude. Les supports d'apprentissage paraissent souvent inadaptés et laissent Fadila souvent immobile et muette, comme s'il y avait un mur infranchissable entre les deux femmes.

Au cours des séances, Fadila se livre et j'ai souvent été touchée par ses réflexions qui relèvent du bon sens. Nous apprenons que son enfance au Maroc a été très rude et qu'elle vit désormais en France dans des conditions très précaires. Elle vit dans une chambre minuscule et la nuit elle souffre de crises d'angoisse et de solitude.

Ce livre met en scène deux femmes, issues de milieux sociaux complètement opposés et qui en dépit de leurs différences construisent une amitié singulière. Je n'imaginais pas à quel point les tentatives d'apprentissage de la lecture pouvaient représenter autant un défi. En ce sens, le livre parle extrêmement bien des difficultés qui aboutissent souvent à l’échec.

Cet ouvrage sensible et intelligent donne aussi la parole aux immigrés qui fréquentent les centres d’alphabétisation et leur vision sur l’émigration clandestine, les élections présidentielles en France à l’époque de Sarkozy et le traitement injuste des femmes au Maroc. Cette lecture montre également le rapport entre les employés de maison et les patrons, thème que l'on retrouve dans deux autres romans que j'avais beaucoup apprécié (J'ai renvoyé Marta de Nathalie Kuperman http://apresavoirlu.canalblog.com/archives/2012/11/28/25695771.html et Une chanson douce de Leila Slimani).

On ferme ce livre en se posant de nombreuses questions, en se demandant notamment comment on peut enseigner à un autre si radicalement éloigné de l'enseignant, à la fois sur le plan des savoirs et sur le plan culturel ?

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Commentaires
F
Très tentant! Une traductrice en plus, forcément ça me parle... 😊
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