La femme qui décida de passer une année au lit de Sue Townsend – éditions 10/18

Suite au départ des ses jumeaux pour l’université de Leeds, Eva ferme la porte de la maison à clef, débranche le téléphone, renverse une casserole de soupe à la tomate sur un fauteuil qu'elle a passé deux ans à restaurer puis se couche dans son lit, toute habillée, les escarpins aux pieds. Mais ce qu'Eva ignore c'est que cette « crise » en apparence passagère va durer un an...(mais nous lecteurs comme le titre l'indique, nous le savons, n'est-ce pas ?)

Tout commence avec un constat d’échec concernant l’éducation de ses enfants. Eva a le sentiment d'avoir tout raté en constatant que son fils Brian Junior est complètement anti-social et que sa fille Brianne se laisse facilement marcher sur les pieds. Quand à son mari, Brian, il ne semble lui accorder que peu de temps, trop absorbé par son métier d'astronome. Alors Eva décide de faire une pause et d’établir la liste de toutes les taches ménagères qu'elle ne fera pas (et j'ai adoré ce passage car il montre si bien l'ennui profond que représente toutes ces corvées). Eva a besoin de temps pour réfléchir et essayer de redonner du sens à sa vie, ce qui agace pertinemment son mari car il se retrouve débordé dans sa maison sans dessus dessous. De sa chambre, Eva va au fur et à mesure du temps faire des rencontres car un mythe se construit autour d'elle.

Ce livre n'est pas seulement drôle mais il pose les bonnes questions sur la société de consommation dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Du jour au lendemain, Eva refuse de se plier aux règles de son quotidien effréné de mère et de ménagère et on ne sait pas vraiment s'il s'agit d'une dépression ou d'une rébellion féministe ? Toujours est-il que l'auteur nous fait passer un doux moment en nous dressant une société british en proie aux traditions qui nous font sourire (la consommation de thé au quotidien au travail et dans les foyers, le nombre incalculable des cartes de vœux envoyées à Noël...). Une histoire rocambolesque à souhait !